Le bilan Lagardère sur la sellette

Face-à-face attendu au Palais des congrès de Paris ce 27 avril. Il y a encore un mois, Arnaud Lagardèrerave;re pensait que son assemblée générale serait une promenade de santé, avec des résolutions plébiscitées comme l'an dernier à plus de 70 %. Hélas ! La fête est troublée par l'activiste franco-américain Guy Wyser-Pratte. L'affrontement a lieu ce mardi matin. Le raider, qui avait pris soin de réserver des places sur 4 vols différents (vers Paris, Rome, Madrid et Tanger), est installé depuis samedi au Ritz. Surtout, il a prouvé qu'il détenait bien 0,53 % du capital de Lagardèrerave;re, seuil nécessaire pour soumettre des résolutions aux actionnaires. Lagardèrerave;re, qui avait mis en doute la possession de ces titres, a cessé d'utiliser cet argument.L'ancien marine a commencé à acheter des actions en janvier, puis est sorti du bois le 24 mars, tirant à boulets rouges sur Arnaud Lagardèrerave;re, qui « ne s'intéresse qu'au sport » et « passe la plupart de son temps dans sa maison de Floride ».Pire : le raider a reçu le soutien des cabinets de conseils aux actionnaires : le français Proxinvest, l'américain RiskMetrics (propriétaire d'ISS) et - partiellement - d'un autre américain, Glass Lewis. Tous ont pointé les faiblesses du groupe. D'abord, la chute du cours de Bourse, qui, depuis trois ans, a reculé de 53,3 %, soit plus que l'indice des valeurs médias (? 37 %), déplore Glass Lewis.critiquesEnsuite, la faible rentabilité. RiskMetrics déplore ainsi que « les marges opérationnelles sont, depuis cinq ans, inférieures aux sociétés comparables dans l'édition, la presse et les services. Seul l'audiovisuel surperformait, mais cet avantage a presque complètement disparu en 2009 ». Enfin, il dénonce des acquisitions surpayées. « On peut se demander raisonnablement si ces deals ont été créateurs de valeur, étant donné la médiocre performance du cours », pointe RiskMetrics.Ce dernier estime donc qu'un « changement est nécessaire », avec notamment « une révision des alternatives stratégiques » et « un réexamen du portefeuille d'actifs ». De même, Glass Lewis juge « médiocres » les performances de la direction, et estime « probablement nécessaires des changements significatifs ».contre-attaqueFace à ce feu nourri, Arnaud Lagardèrerave;re s'est d'abord tu. Puis il a décidé de contre-attaquer avec l'aide des communicants d'Euro RSCG, multipliant les interviews, et se lançant dans une campagne contre le raider, qualifié de « vautour ». « Une tentative désespérée pour me discréditer », répond Guy Wyser-Pratte.Sur le fond, le cogérant a dû défendre son bilan, assurant avoir conduit « une stratégie claire de recentrage sur les médias ». Le 13 avril, il a envoyé une lettre aux actionnaires où il effectue des comparaisons avantageuses par rapport à 1998. Le dividende ? « Il a presque doubl頻 (en réalité, il a augmenté de 66 %). Le chiffre d'affaires ? « Il a progressé de 24 %. » Sans préciser qu'il s'agit du chiffre d'affaires dans les médias : celui de tout le groupe a reculé de 26 % en dix ans. Des arguments qu'il ne manquera pas de répéter à l'assemblée générale.L'issue de la bataille est incertaine. Guy Wyser-Pratte a besoin de la majorité des votes pour être élu au conseil de surveillance, mais il pense avoir ses chances, rappelant que 58 % du capital est détenu par des institutionnels étrangers, et se targuant du soutien d'un des 10 plus gros actionnaires. Sans le nommer. Quant à l'autre résolution du raider, qui porte sur la structure en commandite du groupe (lire ci-contre), son score sera aussi étudié de près. L'opposition des commandités empêchera toutefois son adoption.
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