Le télescopage risqué entre la politique et les affaires

Même le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, pourtant très conciliant mardi après sa première entrevue avec le président français s'en est étonné. « Il est singulier que l'OPA [du français Lactalis sur l'italien Parmalat, Ndlr] ait justement été lancée le matin du jour de notre rencontre », a noté le Cavaliere. Ce n'est pas le premier télescopage d'un dossier « d'une entreprise privée » des deux pays avec l'agenda politique transalpin. Déjà, au printemps 2001, EDF avait eu l'idée saugrenue de faire une entrée fracassante au capital du groupe italien d'électricité Edison en pleine campagne des législatives. La gauche italienne venait à peine de libéraliser le marché de l'électricité et devait du coup se justifier de cette attaque du monopole français sur une cible italienne, défendue par le camp de Silvio Berlusconi. Le Cavaliere remporta l'élection... Rebelote aux législatives de 2008 : cette fois-ci, c'est Air France-KLM qui est sur le point de racheter la compagnie nationale italienne criblée de dettes, Alitalia. Silvio Berlusconi y voit un beau thème de campagne et se pose en héraut de « l'italianité » des entreprises, a fortiori de la compagnie aérienne. Là aussi il remporte les législatives et contraint Air France à partager le pouvoir dans Alitalia avec des petits actionnaires italiens. Ces derniers font le « sale » travail de réduction des effectifs et l'État italien reprend à sa charge la dette abyssale d'Alitalia. Au siège de la compagnie franco-néerlandaise, on se félicite de l'opération : l'assainissement est partagé avec les Italiens (les contribuables prennent à leur charge la dette, initialement à celle d'Air France) et bientôt les Français pourront rafler la mise quand les actionnaires transalpins voudront céder leurs parts... Dans l'affaire Lactalis-Parmalat, il est encore tôt pour prédire si le choc des logiques d'entreprise (Lactalis) et d'État fera pencher la balance en faveur de la firme française. Le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, n'est pas forcément de l'avis de Silvio Berlusconi, selon lequel l'OPA de Lactalis « n'est pas hostile ». Et le ministre a plus qu'une voix au chapitre. Frank Paul Webe
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