L'Europe menacée de plusieurs années de croissance molle

L'Europe inquiète le reste du monde. Cible des marchés que les mesures de réduction des déficits publics annoncées par ses membres ne semblent pas tout à fait convaincre, la voilà à présent guettée par une croissance « molle durant deux ou trois ans », selon Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor, est lui-même venu sur le Vieux Continent en prendre la mesure en rencontrant les nouveaux dirigeants britanniques, des membres du gouvernement allemand et le président de la Banque centrale européenne. Pendant ce temps, la conseillère économique de la Maison Blanche, Christina Romer, sera à Paris à l'occasion des réunions ministérielles de l'OCDE. Pour cette organisation, le constat est clair : la zone-euro devrait enregistrer la plus mauvaise performance de tous les pays riches en termes de croissance du PIB en 2010 (+ 1,2 %) et en 2011 (+ 1,8 %), selon les « Perspectives économiques » qu'elle a dévoilées hier. Mais cette modeste reprise, après la grave récession de 2009, est le fruit des mesures de relance, du rebond des échanges internationaux et, pour les premiers mois de l'année, de l'amélioration des conditions financières. Car, de leur côté, les investissements ont continué à se contracter « du fait des perspectives incertaines ». Avec pour corollaire le maintien à haut niveau du chômage (10 % en mars). Plus fâcheux, le chômage structurel et la hausse du risque sur les marchés financiers vont amoindrir le potentiel de production de la zone euro, prévoit l'OCDE, chiffrant à « ? 3 % l'impact d'ici à 2012 ». Une équation complexeL'équation que doivent résoudre les membres de la zone euro est complexe. Sommés par les marchés d'assainir leur budget mis à mal par la baisse d'activité l'an passé, ils doivent absolument éviter de compromettre la fragile reprise qui se fait jour en retirant trop vite leurs mesures de soutien. L'OCDE croit possible de relever le défi. Elle insiste sur les bienfaits de la politique monétaire accomodante que mène la BCE et trouve des vertus à la dépréciation de l'euro qui stimule la compétitivité européenne. En outre, l'OCDE appelle la zone euro à « consolider son architecture institutionnelle et opérationnelle afin de dissiper les doutes quant à la viabilité à long terme de l'union monétaire ». Cela passe par le renforcement de la surveillance des politiques nationales, des sanctions en cas de non respect de la discipline budgétaire, des audits externes des budgets nationaux et même une « union budgétaire de fait ».
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