« L'offre de soins peut être gérée autrement »

Que vous inspire la politique du gouvernement en matière d'assurance-maladie??Il est clair que, compte tenu des contraintes budgétaires, nous assisterons progressivement à un désengagement de l'État du financement de l'assurance-maladie. Les nouveaux déremboursements de médicaments, annoncés ces derniers jours, en sont un exemple concret. Dans le passé, ce transfert de charge vers les complémentaires santé s'est traduit par une hausse de 2 % à 3 % de la part des contrats d'assurance dans le remboursement des assurés et cela ne saurait être différent pour les nouvelles mesures annoncées. Il arrivera un moment où le coût des complémentaires ne sera plus supportable pour un certain nombre de ménages.Cette situation est-elle inéluctable??Il est possible de rationaliser, d'organiser le système de santé pour qu'il soit plus efficient. Pour cela, il faut modifier la façon dont s'organise l'offre de soins. Tout le monde sait que le paiement à l'acte n'est pas adapté, que le réseau hospitalier doit être géré autrement, que la démographie médicale doit évoluer. Une prise en compte globale est indispensable. L'État doit fixer les règles. On ne peut plus se contenter d'augmenter les cotisations et de diminuer les prestations.Les assureurs sont-ils légitimes pour faire des propositions sur l'organisation du système de santé??Notre métier est d'accompagner les assurés, de les « prendre en charge » pour gérer leur risque. Or, c'est dans la prise en charge globale des soins que se trouve la solution. Il est important d'expliquer qu'une évolution de l'assurance-maladie ne doit pas se traduire par une baisse de la qualité car l'offre de soins peut être gérée autrement. Certains assureurs, comme Groupama, ont participé à des expérimentations. Celle que nous avons menée avec les médecins généralistes, lancée avec la Mutualité sociale agricole en 2000, a démontré que l'on pouvait réduire la consommation médicale de 15 %, tout en améliorant la qualité des soins. Les résultats obtenus ont inspiré le rôle du médecin traitant dans le parcours de soin en vigueur. Nous continuons d'autres expérimentations dans les zones médicalement défavorisées car nous estimons avoir un rôle à jouer en tant que premier assureur santé en France. Les conditions du dialogue sont-elles réunies??Il n'y a pas de véritable dialogue entre système de base et système complémentaire d'assurance-maladie. L'Unocam [Union nationale des organismes complémentaires d'assurance-maladie] fait le constat que les complémentaires santé ne sont pas associées aux décisions. Nous voudrions sortir de ce schéma où le régime de l'assurance-maladie centralise tout car le partage d'expérience est, à notre sens, la meilleure façon de trouver les solutions les plus adaptées pour les assurés.Concernant les futures normes de solvabilité, quel est l'état de vos réflexions aujourd'hui??Il me semble, tout d'abord, qu'une étude d'impact macroéconomique de Solvabilité II serait indispensable. En effet, cette réforme va entraîner un désengagement massif des assureurs des marchés actions et les conséquences en seront particulièrement préjudiciables pour les entreprises. Compte tenu de la nouvelle réglementation, Groupama qui détient actuellement 15 % de ses actifs en actions ne pourra pas excéder 5 %. Par ailleurs, je préconise une période de transition de six ans, à l'instar de ce qu'a obtenu le secteur bancaire. Enfin, il est indispensable de prévoir des règles spécifiques pour les investissements à long terme c'est-à-dire qu'il faut prévoir une dérogation au principe de calcul du risque sur l'horizon d'un an. Notre métier s'exerce sur un engagement de long terme. On ne peut pas traiter tous les investissements à la seule aune de la volatilité.Où en êtes-vous dans votre projet d'introduction en Bourse??L'ouverture du capital reste un moyen au service de notre stratégie de croissance. Nous sommes rentrés dans une phase plus active de préparation, en nommant un responsable de projet. Nous pouvons dire, aujourd'hui, que notre titre ne sera pas spéculatif?: parce que Groupama comptera toujours un actionnaire de référence - les caisses régionales - et parce que nous misons sur une croissance régulière.Votre entrée en Bourse est-elle toujours liée à vos projets d'acquisition??L'ouverture du capital reste un moyen au service de notre stratégie de croissance. La réalisation de nos objectifs passe par une ou plusieurs acquisitions et c'est pour cela que nous ferons appel au marché. Aujourd'hui, près de 30 % du chiffre d'affaires de Groupama SA se réalise à l'international, principalement en Europe du Sud et Europe centrale. Sur le premier semestre, nous y avons enregistré une croissance de 4,5 %. Nous avons désormais une véritable stature européenne, et une acquisition en Europe nous permettrait d'atteindre notre ambition de figurer parmi les dix premiers assureurs européens. Ensuite, nous continuerons sans doute notre développement en Asie. La mutation d'un groupe à l'international doit se faire progressivement car il existe une vraie courbe d'apprentissage. C'est la façon pour que les investissements réalisés soient rentables.
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