L'engouement pour la finance islamique mis à l'épreuve

Les déboires de Dubaï risquent d'écorner la mode de la finance islamique, qui tente de se développer en France. L'émirat a en effet fait défaut sur un « sukuk », une obligation répondant aux exigences de la loi islamique (charia). Il s'agit du principal produit proposé par la finance islamique, et du plus populaire. Il est aussi censé être peu risqué par rapport aux produits complexes de type subprimes qui ont précipité la planète dans la crise financière en 2008. Mais la crise de Dubaï pourrait bien révéler le revers de la médaille des « sukuk ». Un des principes majeurs du « sukuk » est en effet qu'il s'adosse à un actif tangible, si bien que beaucoup de « sukuk » sont adossés à des actifs immobiliers ? comme les subprimes ! La crise de l'immobilier qui fait rage dans les pays du Golfe risque donc de nuire à la finance islamique, estimée à 800 milliards de dollars. Si les « sukuk » sont interdits de marchés dérivés, ils ne sont pas blancs comme neige pour autant. Au contraire, « le niveau réglementaire n'est peut-être pas aussi rigoureux que celui de la finance occidentale », explique Pascal Devaux, analyste du risque pays sur le Moyen-Orient chez BNP Paribas. Deux faillites ont déjà eu lieu en Arabie Saoudite cette année, qui ont commencé à ternir l'image des « sukuk » : celles de deux grands conglomérats familiaux, Saad Group et Al Gosaibi. Des défauts « plus ou moins frauduleux, qui soulignent que la région a de vrais problèmes de gouvernance, de transparence des comptes, ou même de respect des règles commerciales et bancaires », ajoute Pascal Devaux. règles nationalesLa finance islamique obéit toutefois avant tout à des règles nationales, ce qui devrait permettre aux « sukuk » occidentaux d'échapper à ces travers. En France, les premières obligations de ce type devraient être émises en 2010 si l'on en croit le ministère de l'Économie. Pour l'instant, le cadre juridique peine à être défini. Le Conseil constitutionnel a en effet censuré en octobre une loi visant à modifier le régime de la fiducie et faciliter l'émission de « sukuk ». Aline Robert
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