Hypo Real Estate ne retrouvera pas les bénéfices avant 2012

Au lendemain de la démission d'Axel Wieandt, son président, Hypo Real Estate (HRE), la banque allemande nationalisée, a présenté vendredi ses résultats pour 2009. Si l'établissement a retrouvé un bénéfice opérationnel de 419 millions d'euros, après une perte de 585 millions d'euros en 2008, il doit encore subir une perte nette de 2,23 milliards d'euros. Certes, on est loin des 5,46 milliards d'euros de pertes de l'année précédente, mais l'addition est encore lourde. Elle s'explique d'abord par l'importance des provisions pour risques de crédit, notamment dans l'immobilier, qui s'élèvent sur l'année à 2,09 milliards, soit 23,2 % de plus qu'en 2008. Le bilan de la banque comporte d'ailleurs encore bien des incertitudes, notamment 39 milliards d'euros de créances grecques et espagnoles. C'est pourquoi la présidente par intérim, Manuela Better, a confirmé vouloir placer cette année 210 milliards d'euros d'actifs « non stratégiques » dans une structure de défaisance afin de ramener le bilan à 160 milliards d'euros. L'opération, qui devrait avoir lieu au cours du second semestre, permettra à la banque de se recentrer sur les émissions d'obligations convertibles allemandes (Pfandbriefe) dans l'immobilier et le financement de collectivités locales. Mais la création de cette « bad bank » coûtera cher, car il faut payer une redevance élevée chaque année. Et ces frais viendront s'ajouter au coût des 105 milliards de garanties accordées par l'Etat depuis l'automne 2008 à HRE. Même si l'Etat fédéral est devenu voici six mois le seul actionnaire de la banque, celle-ci doit toujours s'acquitter de ces paiements qui ne sont pas négligeables puisqu'ils se sont élevés en 2009 à 741 millions d'euros. Du coup, Manuela Better a prévenu qu'un retour aux bénéfices n'est pas envisageable avant 2012.influence de l'étatReste la question de l'influence de l'Etat dans la gestion du groupe. La démission d'Axel Wieandt s'expliquerait, selon les médias allemands, par sa volonté de créer une nouvelle stratégie de croissance quand Berlin en appelait à la prudence pour épargner les deniers des contribuables. Le débat se serait cristallisé autour de la question des salaires et des bonus. La loi allemande prévoit en effet que les dirigeants des banques aidées par l'Etat voient leur salaire plafonné à 500.000 euros annuels et n'ont pas droit aux bonus. Axel Wieandt aurait réclamé la levée de ces restrictions pour lui-même, mais aussi afin de pouvoir recruter. Berlin a refusé, et Axel Wieandt est parti. Mais il est vrai qu'attirer un nouveau président ne sera pas chose aisée. Du coup, l'intérim de Manuela Better pourrait donc devenir durable. Romaric Godin, à Francfort
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