L'euro rebondit mais reste vulnérable

L'euro s'est offert un timide rebond après l'annonce de l'accord européen de sauvetage de la Grèce et la concession de la Banque centrale européenne qui a prolongé le dispositif de crise concernant les actifs pris en pension lors de ses appels d'offres. Il est remonté au-dessus de 1,34 dollar, après avoir touché un point bas de dix mois à 1,3270. Mais rien de tout cela ne constitue une assurance contre une nouvelle attaque spéculative. D'abord parce que l'euro est encore extrêmement cher?: son indice pondéré par rapport aux monnaies des principaux partenaires commerciaux de la zone euro n'est inférieur que de 7 % à son record absolu de la mi-2008. Ensuite et surtout parce qu'une cohorte d'incertitudes et d'obstacles subsiste.Le premier d'entre eux est constitué par la conditionnalité du plan d'aide qui ne s'appliquera qu'en cas « d'urgence exceptionnelle ». Ce n'est que si la Grèce, ou tout autre pays, ne peut se financer sur les marchés qu'elle obtiendra un prêt de la part des pays de la zone euro (pour les deux tiers) et du FMI (pour un tiers). Le recours au Fonds monétaire, en outre, se heurte à l'hostilité de la BCE, Jean-Claude Trichet le qualifiant de « très, très mauvais ». assouplissement déguiséLes soubresauts de la zone euro intervenus ces dernières semaines vont instaurer une exigence de prime de risque permanente sur l'euro, le temps que les pays de la zone reconstruisent le cadre d'une coordination budgétaire plus rigoureuse, une sorte de traité de Maastricht bis, ce qui pourrait prendre des années. Deuxième élément défavorable à l'euro à moyen terme, même s'il a constitué ponctuellement un élément de soutien : le maintien au-delà de 2010 des règles de « collatéral » assoupli par la BCE qui acceptera des titres notés BBB?- en garantie, au lieu de son seuil traditionnel de A?- constitue un assouplissement monétaire déguisé. Il pourrait préfigurer le maintien pendant une période plus longue qu'elle ne l'aurait souhaité du taux directeur de la BCE à 1 %, pour venir en aide aux pays contraints d'adopter des mesures d'austérité drastiques pour faire rentrer leurs déficits dans les clous. Le différentiel de conjoncture entre la zone euro et les Etats-Unis, déjà favorable à ces derniers, risque de se creuser. Car Washington se gardera de prendre des mesures autres que cosmétiques de réduction de son propre déficit fédéral en cette année d'élections de mi-mandat. Dans ces conditions, ce serait la Réserve fédérale qui prendrait la première l'initiative de resserrer les conditions de crédit. Les statistiques américaines de cette semaine, qui culmineront vendredi avec le rapport sur l'emploi de mars, pourraient l'affranchir. Surtout si, comme l'attend le consensus des économistes, l'Oncle Sam crée 175.000 emplois. n
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