Menaces sur l'opérateur télécoms historique indien

Supprimer un tiers des emplois, mettre sur le marché 30 % du capital, transformer le management. C'est le remède de cheval proposé par une commission gouvernementale pour tenter de sauver BSNL, le géant public indien des télécoms. à en croire Sam Pitroda, conseiller du Premier ministre pour les hautes technologies, tout est à changer chez l'opérateur si les pouvoirs publics veulent le sortir de l'impasse.BSNL (Bharat Sanchar Nigam Ltd.) est une puissance. Cet opérateur historique couvre la totalité du territoire indien, sauf Delhi et Bombay qui sont du ressort de son homologue MTNL. Le groupe emploie 300.000 personnes et fournit téléphonie fixe, mobile, connexions Internet, etc.Ayant longtemps prospéré à l'abri d'un monopole, BSNL est désormais confronté à un marché hyper concurrentiel. Deux chiffres illustrent sa situation : en janvier, il détenait 76 % du marché de la téléphonie fixe et 11,9 % du mobile. Le problème, c'est que le marché du fixe ne cesse de reculer d'un mois sur l'autre, avec 36,76 millions de lignes en janvier, soit quelque 300.000 de moins que le mois précédent. guerre des prixà l'inverse, le mobile est en phase d'expansion extrêmement rapide : 545,05 millions d'abonnés en janvier avec un gain de près de 20 millions en un mois ! Et autant BSNL est leader national dans le fixe, autant il est menacé de marginalisation dans le mobile, où il est loin derrière Airtel, Reliance et Vodafone, et tout juste devant Tata et Idea. Or, rappelle un spécialiste français du secteur, « BSNL était encore numéro deux du mobile en 2006, depuis c'est la chute libre ».Le mastodonte public s'est révélé incapable, en fait, de s'adapter à l'explosion de la concurrence, avec la débauche de marketing sophistiqué et la guerre des prix qui la caractérisent. Une concurrence tellement intense que, souligne le même spécialiste, « les opérateurs privés commencent à avoir du mal à gagner de l'argent vu le nombre de compétiteurs et la chute des prix, alors BSNL ! ». Résultat : le bénéfice du groupe s'est établi pour l'exercice à fin mars 2009 à 93 millions d'euros, divisé par dix-huit en quatre ans.Syndicats mécontents Considérant que « la situation de BSNL demande une action immédiate », le Premier ministre Manmohan Singh a chargé Sam Pitroda de proposer des solutions. Et celui-ci n'a pas fait dans la dentelle en recommandant de supprimer rapidement 100.000 emplois via des retraites anticipées (le leader du marché Airtel emploie 18.200 personnes), de transformer les contrats des dirigeants du groupe pour les rendre incitatifs et de céder 30 % des actions détenues par l'Etat. Le conseil d'administration a approuvé les suggestions de son actionnaire, mais celles-ci font hurler les syndicats. Et même le ministère des Télécoms ne semble pas ravi. La mise en oeuvre de ces propositions s'annonce donc très difficile. Mais comme le dit un professionnel indien du secteur, « BSNL a des actifs incroyables, de l'immobilier, des licences, un réseau inégalé dans l'Inde rurale. Bien repris en main, le groupe peut devenir un compétiteur très efficace, tout comme France Télécome;lécom il y a dix ans ».Patrick de Jacquelot, à New Delhi
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