L'offre de crédit en zone euro est décidément bien fragile. La crise des dettes publiques aura suffi à mettre un terme à l'assouplissement des conditions de prêts aux entreprises observé depuis le dernier trimestre 2009. Dans son dernier rapport trimestriel sur le crédit (Bank Lending Survey), la BCE indique que le différentiel entre la proportion de banques ayant durci leur offre de crédit et celles l'ayant assoupli est passé de 3 points au premier trimestre à 11 points au deuxième. Les banques elles-mêmes n'avaient pas anticipé cette évolution. Il y a trois mois, elles étaient confiante dans leur capacité à être de moins en moins restrictives. Mais comme l'explique la BCE, « au deuxième trimestre 2010, les retombées négatives de la crise de la dette souveraine semblent avoir diminué [leur] capacité à obtenir des financements ». Plus inquiétant : les conditions de prêt aux entreprises devraient continuer à se resserrer dans les mois qui viennent. En net, la proportion de banques qui anticipent un durcissement supplémentaire entre juillet et septembre est de 5 points supérieure à celles qui tablent sur une détente. Changer de discoursCôté demande, la normalisation se poursuit, mais alors que les ménages ont profité des taux bas pour leurs crédits immobiliers, la demande nette de prêt par les entreprises (calculée comme la différence entre la part de banques qui rapportent que la demande a augmenté et celles qui disent qu'elle a diminué) est toujours négative. Elle est passée de ? 13 % à ? 2 % entre le premier et le deuxième trimestre. Jusqu'à présent, la BCE et les banques défendaient l'idée selon laquelle le ralentissement du crédit était avant tout imputable à une baisse de la demande. Elles vont peut-être devoir changer de discours. « La poursuite attendue du durcissement des conditions de crédit doit être mise en perspective », tempère Gilles Moëc, senior économiste chez Deutsche Bank. Pour lui, en effet, le resserrement des modalités d'octroi de crédit que semble annoncer le dernier Bank Lending Survey a d'autant moins de chances d'être dramatique que les conditions de marché semblent s'améliorer.

latribune.fr

28 Juill 2010, 21:26

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