Les terres rares, ces métaux verts tant convoités

Le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares. » En 1992, Deng Xiaoping avait déjà pris conscience de l'intérêt de ce groupe de 17 métaux bien mal nommé. Les terres rares ne sont pas des terres, et elles ne sont pas rares, puisqu'on en trouve un peu partout dans la croûte terrestre. Elles focalisent pourtant l'attention des industriels de la planète. La semaine dernière, le fonds souverain chinois, China Investment Corp., a ainsi annoncé qu'il lançait sa propre entreprise de terres rares. Le pays domine le marché, avec 88 % des terres rares vendues dans le monde, même s'il n'a pas le monopole des ressources : 47 % des terres rares se trouvent en dehors de l'empire du Milieu. La position de la Chine sur le marché s'explique toutefois : les terres rares exploitées en Mongolie-intérieure, dans le Sichuan et dans la région de Guangzhou y sont plus faciles d'accès. Et donc moins coûteuses que sur d'autres gisements, où elles se mêlent parfois à des minerais radioactifs comme le thorium. Ce qui explique sans doute que, selon la US Geological Survey, les États-Unis n'aient pas extrait un gramme de terres rares en 2008. Mais cela pourrait vite changer. Car la Chine semble déterminée à profiter de son quasi-monopole pour remonter la chaîne de valeur. Comme le raconte un industriel, mettre la main sur ces métaux relève du défi. Un mécanisme de quotas, cédés exclusivement aux installations industrielles locales, ou directement à des traders chinois, régit les terres rares. Le quota peut coûter autant que le minerai, qui est de surcroît taxé à l'exportation, de 15 % à 25 %. Les différentes propriétés des métaux, ainsi que leur rareté, influent sur les prix, très disparates : le lanthane, utilisé par tonnes dans le raffinage, se traite quelques dollars par kilogramme, alors que le terbium peut monter à 400 dollars le kilo.dépendanceEt les taxes ont tendance à augmenter régulièrement. Le plan quinquennal en discussion pour la période 2010-2015, pourrait aggraver la situation. La Chine envisage en effet de réduire encore ses exportations pour les minerais les plus rares. Ce qui pourrait poser problème aux clients, à l'instar de Rhodia par exemple. Le groupe est numéro un mondial dans les applications industrielles à base de terres rares, qu'il utilise principalement sur son site de La Rochelle pour des composants destinés aux pots catalytiques, ou encore à la peinture interne des ampoules basse consommation. Car ces métaux sont indispensables à certaines industries comme l'électronique ou le raffinage. Ainsi la catalyse de dépollution automobile utilise des terres rares, et le durcissement des normes attise la demande. Plusieurs dizaines de grammes de cérium sont ainsi intégrés aux pots catalytiques des moteurs à essence, aux côtés de quelques grammes de platine et palladium. Et les voitures hybrides, comme les éoliennes, utilisent de leur côté du néodyme, un aimant surpuissant : 1.100 tonnes de néodyme devraient ainsi être englouties par les Toyota Prius en 2010. nLa semaine dernière, un fonds souverain chinois a créé son entreprise de terres rares.
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