« La crise a fait réfléchir les Irlandais »

Dick Roche, ministre irlandais des affaires européennesUn an après le rejet du traité de Lisbonne, les sondages indiquent, pour le référendum du 2 octobre, une possible victoire du « oui » (48 % pour, 33 % contre, 19 % d'indécis, selon « The Irish Times »). Pourquoi cet apparent revirement ? Deux choses ont changé. La première concerne les agriculteurs. Pendant la première consultation, ces derniers s'inquiétaient des décisions de l'Organisation mondiale du commerce. En outre, leurs revenus stagnaient au moment où le reste du pays s'enrichissait. Or le vote des agriculteurs est essentiel parce qu'il y a seulement une génération, la plupart des Irlandais étaient fermiers. Cette fois-ci, les associations agricoles se sont mobilisées en faveur du « oui ». Et le départ de Peter Mandelson de Bruxelles aide également.Le second changement vient-il de la crise économique ?Effectivement. Dans les classes moyennes, les Irlandais ont été très touchés par la récession, et ils ont réalisé que la situation aurait été bien pire sans l'Europe. Lors du premier vote [en juin 2008, Ndlr], beaucoup de nos concitoyens pensaient qu'une victoire du « non » n'aurait pas de conséquences négatives. Mais c'était quelques semaines avant l'effondrement de Lehman Brothers. La crise les a fait réfléchir. Ils se sont rendu compte que la plupart des emplois en Irlande ont été générés par les investissements étrangers, et que notre présence au sein de l'Union européenne y est pour beaucoup. Les partisans du « non » répliquent qu'un rejet de Lisbonne n'a rien à voir avec la présence de l'Irlande dans l'Europe?Le « non » poserait un problème de bonne volonté. Dans un club, quand vous êtes 27 autour d'une table, vous êtes enclins à faire des efforts avec celui qui participe toujours à tout, plutôt qu'avec le grincheux dans son coin. Ce ne sont pas les règles du club qui comptent, mais l'engagement que vous avez dans le club. De plus, imaginez le cas d'un entrepreneur à Santa Barbara, en Californie, qui apprendrait que l'Irlande a voté « non » : croyez-vous qu'il irait investir dans notre pays ? Un rejet du traité de Lisbonne susciterait une réelle interrogation sur l'engagement de l'Irlande dans l'Europe.L'Irlande a fait ajouter quatre exceptions au traité de Lisbonne, garantissant sa neutralité militaire, son indépendance fiscale, son indépendance sur le droit à l'avortement et le maintien d'un commissaire par pays. Ces concessions pèsent-elles dans le vote ?L'analyse du vote « non » de juin 2008 indique que 80 % des Irlandais voulaient rester dans l'Europe, mais que beaucoup avaient des inquiétudes concernant ces sujets. Nous avons obtenu des concessions. Du coup, nous présentons un contenu différent aux Irlandais, le tout dans des circonstances différentes.Propos recueillis par Éric Albert, à Dubl
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