TNT ? : le gouvernement veut apaiser la peur de l'« écran noir »

Bonjour, monsieur le maire. Ici, c'est TDF. Nous vous contactons pour vous informer que votre commune va très bientôt ne plus recevoir la télévision. » Tel est le message alarmiste que TDF porte depuis le début de l'année à de nombreux élus ruraux. Un message qui a un fond de vérité. En effet, près de 2.000 émetteurs vont être arrêtés d'ici fin 2011 lors du passage de la diffusion analogique à la diffusion numérique. L'intérêt de l'ex-Télédiffusion De France est clair?: engranger du chiffre d'affaires en sauvant une partie de ces petits émetteurs.Évidemment, les élus ont été sensibles à ces arguments. Le 6 octobre, les députés de la commission des Affaires économiques ont adopté deux amendements du député (Nouveau Centre), Jean Dionis du Séjour, dans le cadre de la proposition de loi Pintat sur la fracture numérique. Le premier, adopté contre l'avis du gouvernement, permet de sauver 386 émetteurs. Le second amendement impose que, dans chaque département, la couverture en numérique soit au maximum inférieure de 5 % à celle en analogique.Et encore, la commission a rejeté d'autres amendements plus extrémistes?: l'un imposait une couverture « totale » en numérique, un autre, une couverture de 95 % par département au lieu de 91 %.Cet activisme de TDF a rendu furieux le gouvernement et le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Ainsi, la secrétaire d'État au Numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, a lancé à TDF lors du congrès de l'Association nationale des élus de montagne (Anem)?: « Non seulement vous donnez des chiffres faux, mais vous entretenez l'ambiguïté sur votre statut en laissant croire que TDF [détenu majoritairement par le fonds texan TPG, Ndlr] est encore un établissement public. Les intérêts de TDF ne sont pas les intérêts de l'État, ni celui des élus. Je dis ?non? aux chiffres manipulés?! » De même, le président du CSA, Michel Boyon, a déclaré au « Dauphiné libér頻?: « Il ne faut pas se laisser intoxiquer par des entreprises qui ont intérêt à répandre la peur de ?l'écran noir? et sèment la panique sans véritable raison. » Mercredi dernier, Michel Boyon a admis devant les députés « rencontrer des difficultés sur le terrain » à cause de la diffusion de « données biaisées, qui alimentent la crainte de l'écran noir », une crainte « surestimée ».mesures trop chèresPerdus entre ces discours opposés, les députés ont organisé hier matin une audition contradictoire entre le CSA et TDF, qui ont promis d'accorder leurs violons. De son côté, le gouvernement, face à la fronde des élus, a dû annoncer en urgence des mesures mercredi dernier, à la veille du congrès de l'Anem. La première est de doubler la puissance des émetteurs, ce qui permettra d'augmenter la couverture de la TNT de 95 % à 96,6 % de la population. Mais cela coûtera jusqu'à 30 % plus cher aux chaînes, qui payent ces émetteurs. Seconde mesure?: donner 250 euros à tous les foyers qui perdront la télévision analogique pour se payer une parabole. Coût de la mesure?: 116 millions d'euros. C'est deux fois plus cher que prévu initialement, quand le gouvernement se proposait de subventionner seulement les foyers les plus pauvres. Là encore, les chaînes seront « sollicitées » pour financer cette nouvelle mesure, a déclaré Matignon. Sans surprise, ces annonces ont été très mal accueillies par les chaînes, pour qui « ces dépenses liées à l'aménagement du territoire devraient relever de la solidarité nationale », comme l'a déclaré l'association des chaînes privées.
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