Le patriotisme économique, pratiqué de part et d'autre

Si les Américains « veulent être entendus dans la lutte contre le protectionnisme, qu'ils ne donnent pas l'exemple du protectionnisme », déclarait Nicolas Sarkozy le 12 mars à Londres, lors d'une conférence commune avec Gordon Brown, le Premier ministre britannique. Quatre jours plus tôt, le tandem EADS-Northrop Grumman s'était retiré de la compétition pour une commande géante d'avions ravitailleurs destinés à l'armée de l'air américaine, jugeant l'appel d'offres trop favorable à Boeing. Le 16 mars, le chef de l'État français et la chancelière allemande Angela Merkel revenaient à la charge, se disant « très préoccupés » et appelant à rejeter les « tentations protectionnistes, y compris dans le domaine de la défense », où les pays européens « achètent chaque année aux États-Unis trois fois plus d'équipements qu'ils ne leur en vendent ». Depuis, le Pentagone tente de faire revenir Airbus dans la course et lui propose de présenter une offre en tant que « primo-contractant », c'est-à-dire comme chef de file et non plus dans le sillage de Northrop Grumman.appels d'offres tronquésReste que l'accusation est peu goûtée à Washington. « Nous sommes dans un monde où, dès qu'on perd, on s'enfuit en criant c'est injuste, c'est du protectionnisme ! » expliquait vendredi le représentant américain au Commerce, Ron Kirk, dans un entretien à l'AFP. D'autant que, sur ce sujet, Paris n'est pas exemplaire. Pour Areva T&D, l'État français avait préféré le duo franco-français Schneider-Alstom au japonais Toshiba ou à l'américain General Electric, pourtant soutenus par le management et généreux financièrement. « Pourquoi avoir lancé un appel d'offres si tout était joué d'avance ? » avait alors lancé le conseiller d'un des candidats évincés. Une question que pourrait aujourd'hui poser EADS. O. E.
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