L'équilibre énergétique mondial est mis à l'épreuve par le risque nucléaire

Sur les mers, les tankers de gaz naturel liquéfié (GNL) tournent à plein régime ces derniers temps. Leur rythme de croisière s'emballe depuis le tsunami, afin de tenter de satisfaire une demande croissante de la part du Japon, où l'arrêt d'une partie du parc nucléaire est actuellement compensé par des centrales à gaz. Le fret de GNL semble montrer la voie vers laquelle se dirige les prix du gaz : une hausse inexorable. En l'absence de navires disponibles, la location d'un tanker de gaz pour une journée pourrait passer de 60.000 dollars à 100.000 dollars à l'automne prochain selon l'affréteur Oslo Securities. Soit une hausse de 67 %. « La plupart des tankers de GNL détournés vers le Japon étaient à l'origine destinés au Royaume-Uni », notent les experts de Barclays Capital. Les cours du gaz au Royaume-Uni ont bondi de 5 % à 60,60 pence depuis le tsunami. Les cours du charbon avaient également progressé (+ 14 % à 125 dollars la tonne livrée en Europe), avant que l'on ne s'aperçoive que le tsunami avait également affecté le lourd complexe logistique du combustible au Japon. « Les Japonais ont déclaré un cas de force majeure pour renoncer à leurs contrats d'approvisionnement, donc, sur le marché physique, l'offre de charbon est abondante », assure Emmanuel Fages, expert à la Société Généralecute; Générale. « On a changé de monde »Mais comme pour le gaz, la tendance risque d'évoluer. Une fois les dégâts du tsunami partiellement réparés au Japon, la demande de charbon du premier pays importateur au monde redémarrera forcément. « On a changé de monde, il se passe quelque chose de potentiellement énorme pour le complexe énergétique », constate Emmmanuel Fages. Les interrogations sur le futur du nucléaire ne sont pas près de faiblir, comme le montre l'exemple de l'Allemagne. Le brusque arrêt de 7 de ses 22 centrales nucléaires, il y a 2 semaines, « pourrait être définitif après les élections de Bade-Wurtenberg, qui ont signé la montée en puissance des Verts », estime Emmanuel Fages. Dans ce cas, le pays devra fortement et durablement augmenter sa consommation de gaz et de charbon. Et le phénomène pourrait bien faire tache d'huile. La hausse des cours du gaz (+ 14 % à 4,3 dollars par millions de BTU*) constatée également aux États-Unis depuis le début des catastrophes au Japon semble d'ailleurs davantage liée à la crainte d'une remise en question de l'énergie nucléaire qu'à une progression réelle de la demande de gaz. Le pays a d'ailleurs de très faibles capacités d'exportation de gaz. Ce qui est toutefois amené à changer avec la construction d'équipements destinés à réfrigérer le gaz afin de le transporter. (*) British Thermal Unit.
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