Et si l'Europe boycottait Goldman Sachs

C'est jeudi 1er juillet que les premières conclusions de la commission spéciale du Parlement européen sur « la crise financière économique et sociale » seront présentées. Pervenche Berès la rapporteure de la commission spéciale présentera à la presse son projet de rapport et ses 217 recommandations. Parmi les dispositions les plus polémiques - 1.700 amendements devront être discutés en commission avant l'adoption par celle-ci de son texte présenté au parlement - figure la plus courte : « la commission invite les Etats membres à boycotter Goldman Sachs ». Rapport de force inégalLoin de se vouloir une simple provocation, cette disposition invite les députés de l'Union à réfléchir à la partie inégale qui se joue entre les régulateurs et les institutions financières, dont le jeu trouble est à nouveau apparu avec l'éclatement de la crise grecque. Pour Pervenche Berès, Goldman n'est pas seulement « too big to fail » mais avant tout « too big to exist ». La situation de la banque lui permet d'avoir une vision des marchés unique, dont ne disposent même pas les régulateurs censés la surveiller. Ce déséquilibre sous-tend d'ailleurs l'ensemble du rapport qui dénonce les moyens engagés par le lobbying de l'industrie financière : 4 milliards de dollars dépensés pour développer sa stratégie d'influence auprès du Congrès des Etats-Unis au cours des 10 ans qui ont précédé la crise. Un rapport de force inégal qu'ont d'ailleurs dénoncé 22 députés européens dont Jean-Paul Gauzès (coordinateur du parti populaire européen pour les questions économiques et financières) et Pascal Canfin (Europe Ecologie, vice président de la commission spéciale sur la crise). Plus concrètement, le rapport revient sur les moyens engagés pour répondre à la crise et propose que la commission intervienne directement pour permettre le pilotage et le financement de projets dans les énergies nouvelles, l'interconnexion des réseaux de l'énergie, et les transports ferroviaires (création d'un service public européen), Internet, et les véhicules électriques. Sur le plan institutionnel, la discussion devrait se cristalliser sur la proposition d'engager l'Union dans les domaines de compétences partagées au moment où la rigueur vient amputer la force de frappe de plusieurs Etats. Si les souhaits de Pervenche Bérès étaient exaucés, la commission verrait sa capacité budgétaire augmentée, en captant une part de l'impôt sur les sociétés. Débat houleux en perspectives. Christophe Tricaud
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