À long terme, les pays émergents vont faire s'envoler les prix agricoles

La hausse des prix du blé cette année vous inquiète ? Ce n'est qu'un début. D'après le dernier rapport de l'OCDE et de la FAO (organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), publié le mois dernier, est inquiétant. Il prévoit d'ici à dix ans une hausse de 15 à 40 % des prix réels du blé ; les produits laitiers devraient augmenter de 16 à 45 % ; et les huiles végétales de plus de 40 % (hausses par rapport à la moyenne 1997-2006).Cette envolée des prix est la conséquence d'une tempête annoncée sur les produits agricoles : la population mondiale passera de 6,9 à 9 milliards d'habitants d'ici à 2050 ; les pays émergents se développent, adoptant des régimes alimentaires plus riches, notamment en viande ; les biocarburants utilisent une partie croissante des récoltes et enfin la hausse du pétrole renchérit la production agricole (carburant, engrais...). Ce qui permet à l'OCDE-FAO de faire cette prédiction choc : la production agricole mondiale devra augmenter de 70 % d'ici à 2050 pour satisfaire la demande.Le changement des habitudes de consommation dans les pays émergents est très spectaculaire. Progressivement, les Chinois se mettent à consommer plus de viande, et notamment du boeuf. « S'ils adoptaient le régime des Coréens [particulièrement adeptes de viande, Ndlr], cela augmenterait la demande mondiale de viande et de poisson de 9,2 % », estime Richard Davis, gérant chez BlackRock, qui vient de lancer un fonds d'investissement agricole (voir ci-contre). Or, produire un kilo de boeuf nécessite 8 kilos de grains (pour nourrir les animaux), tandis qu'un kilo de poisson ne requiert que 1,5 kilo de grains. La production céréalière devra donc augmenter en proportion.améliorer les rendementsQuant aux biocarburants, leur augmentation est pratiquement certaine, étant déterminée par des objectifs gouvernementaux. C'est particulièrement vrai au Brésil, où l'éthanol à base de cannes à sucre est en pleine explosion.Pour autant, le rapport de l'OCDE et de la FAO ne prédit pas nécessairement un scénario catastrophe. Il rappelle que, contrairement aux autres matières premières dont la quantité est fixe, la production agricole peut augmenter, que ce soit en améliorant les rendements, ou en augmentant la surface agricole disponible. Il prédit donc que les prix agricoles progresseront d'ici à 2020 par rapport à la moyenne des dix dernières années, mais qu'ils ne reviendront pas au pic de 2007-2008, quand la flambée du pétrole avait emmené avec elle tous les prix agricoles à des sommets. Éric Albert, à Londre
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