cite>Safran ne lâchera pas sa cible Zodiac. Éconduit par l'équipementier il y a un mois, le spécialiste de l'aéronautique reste malgré tout bel et bien déterminé. En juillet, Safran est sorti du bois en proposant officiellement de discuter d'un mariage entre les deux groupes. Après le refus ferme de Zodiac, le groupe dirigé par Jean-Paul Herteman, connu pour sa ténacité, est alors entré dans une phase d'approche discrète. Même si au coeur de l'été, explique-t-on chez Safran, le groupe a tenu à laisser les actionnaires familiaux de l'équipementier mûrir tranquillement leur décision sur leur lieu de villégiature.Safran pourrait désormais repasser rapidement à l'offensive. Il devrait dans les prochains jours prendre une décision de lancer ou pas une offre. « Si on considère que l'on a plus d'une chance sur deux, on ira ; si l'on a moins d'une chance sur deux, on attendra, souligne-t-on dans le groupe. Ce dossier aura toujours du sens dans six mois, un an ». Selon des sources concordantes, aucune offre ne sera lancée de façon hostile. La direction de Safran croit en ses chances de succès. Car après la série de contacts qui ont été pris au début de l'été avec plusieurs représentants des familles actionnaires de Zodiac et membres du conseil de surveillance pour les convaincre du bien fait d'une telle opération, l'ensemble des familles ne semble en tout cas pas sur la même ligne. Preuve de cette disparité, les avocats auraient mis environ six mois pour retrouver tous les actionnaires familiaux.Logique industrielleSi le sens industriel apparaît incontestable, l'aspect financier reste primordial pour les familles et Safran le sait. Le groupe a envoyé des messages sur sa capacité à « bien payer ». Selon plusieurs sources proches, il serait en mesure de proposer une prime significative de 30 % à 40 % par rapport au cours actuel, ce qui porterait au niveau du plus-haut historique, atteint en 2007, de 58 euros. Un prix élevé serait indispensable pour convaincre les actionnaires les plus récalcitrants comme l'est la famille Domange. Cette dernière détient directement et à travers sa holding Fidoma 9,28 % du capital et 10,18 % des droits de vote. En revanche, la famille Peugeot, réunie au sein de la Société Foncière, Financière et de Participations (FFP) avec 5 % de Zodiac, serait selon plusieurs sources, prête à vendre. Preuve du caractère « amical » de son projet, Safran est aussi prêt à accueillir les familles de Zodiac à son capital, ce qui permettrait par la même occasion de diluer la part de l'État.La question du prix est nécessaire pour convaincre les actionnaires de Zodiac d'accepter un rachat par Safran, mais elle n'est pas suffisante. Les familles de l'équipementier aéronautique disposent d'un régime fiscal avantageux qu'elles ne veulent pas perdre. Elles ont signé il y a six ans un « pacte Dutreil » qui leur permet de bénéficier d'une exonération de l'impôt sur la fortune (ISF) de 75 %. Dit autrement, les signataires de ce pacte représentent 20 % du capital de Zodiac, soit une valeur actuelle de 480 millions d'euros. Avec un taux marginal d'ISF à 1,8 %, le pacte Dutreil leur permet de payer l'ISF sur seulement 120 millions d'euros et d'économiser environ 6,5 millions d'euros. Safran doit donc composer un schéma permettant de conserver le pacte. « Un rachat pur et simple casse cet avantage fiscal alors qu'une fusion avec échange de titres le conserve » explique un avocat fiscaliste d'un grand cabinet anglo-saxon. C'est pour cette raison que, dans les messages passés aux familles, Safran souligne que son projet consiste en un rachat de Zodiac mais qu'il pourrait juridiquement se réaliser par échange de titres et fusion pour maintenir le pacte fiscal.En dehors des familles, Safran devra aussi convaincre le Fonds stratégique d'investissement (FSI) qui détient 4,92 % de l'équipementier. Son premier actionnaire, l'État (30 %) ayant déjà encouragé cette opération, le FSI ne devrait pas s'y opposer et suivre la décision des familles de Zodiac. Quid enfin d'Olivier Zarrouati, président du directoire de Zodiac, qui s'est montré virulent contre l'offre de Safran ? Si rien ne lui aurait été officiellement promis, certains ont évoqué l'hypothèse de le propulser à la tête de la branche équipement de Safran.

latribune.fr

29 Août 2010, 23:23

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