L'épouvantail japonais de la stagnation

Il s'agit de l'énième signe de la stagnation économique japonaise : la banque centrale pourrait se réunir d'urgence dès aujourd'hui, lundi, pour freiner la montée du yen qui mine les exportations et par contrecoup la croissance du pays. Depuis le dégonflement de la bulle spéculative en 1990, l'archipel s'est révélé incapable de remettre en cause son modèle économique et de renouer avec les hautes années de croissance. Les autorités ont beau jeu d'invoquer périodiquement la crise internationale ou l'envolée du yen pour expliquer l'apathie du pays. Mais à côté de la locomotive chinoise ou de l'incroyable dynamisme sud-coréen, les lamentations japonaises ne font pas illusion. En réalité le problème du Japon est politique. L'absence d'incarnation de l'intérêt général rend les décideurs otages d'une myriade d'intérêts particuliers qui bloquent toute réforme. Certes, le pays a su maintenir sa formidable machine économique à coups de subventions publiques et de grands travaux. Il a évité un « trou noir » de chômage et de faillite et maintenu, bon an mal an, sa cohésion sociale. Mais il demeure arc-bouté sur son modèle mercantiliste, qui favorise les exportateurs, et plus généralement les entreprises, au détriment des consommateurs. une « grosse Suisse »La déflation, un « mal naturel » qui s'abat sur le pays, est en réalité une conséquence de la persistance de ce modèle. Pourquoi les ménages, de plus en plus pauvres, délieraient-ils les cordons de leur bourse ?Intellectuellement, le Japon se ferme. Soumis à un vieillissement accéléré, il est peut-être le seul pays développé où la population étrangère a diminué en 2009. On aurait pu croire que l'arrivée d'une alternance historique à la tête du pays en septembre dernier changerait la situation ; depuis, elle a empiré. Plus personne ne sait qui gouverne le pays, qui a connu 14 Premiers ministres depuis 1989 ! « Le Japon va devenir une grosse Suisse. Un pays dont la voix à l'étranger n'a à peu près aucune importance, mais où les habitants vivent plutôt bien, à l'abri », se résigne un diplomate européen. Régis Arnaud, à Tokyo
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