« Les régulateurs détermineront l'avenir des marchés financiers »

Jeffrey Tessler, directeur général de ClearstreamUn an après la faillite de Lehman Brothers, avez-vous le sentiment que le rôle des infrastructures de marché ressort renforcé ?Il y a quelques années, le moteur de la réforme des activités de règlement-livraison et de compensation était d'accroître leur efficacité. On comparait alors volontiers le prix d'une transaction transfrontière entre les États-Unis et l'Europe, avec un rapport de 1 à 10. Les infrastructures ont commencé à répondre en partie à ce problème mais elles n'ont pas levé tous les obstacles aux échanges transfrontaliers identifiés par le rapport Giovannini [publié sous l'égide de Bruxelles en avril 2003, Ndlr]. À l'été 2006, Target 2 Securities est née de la frustration de la Banque centrale européenne sur l'avancée des travaux. Il s'agit d'établir, d'ici à 2013, une plate-forme paneuropéenne de règlement-livraison à faible coût. Enfin, il y a eu le Code de conduite [signé en novembre 2006, ce code favorise la transparence et la concurrence entre les acteurs du secteur]. Nous étions en train d'appliquer tout cela lorsque la crise financière a éclaté. Avec la crise, l'intégrité des infrastructures (Bourses, chambres de compensation, dépositaires centraux nationaux) est devenue la priorité numéro 1 des régulateurs alors que les infrastructures de marché européennes se comportaient très bien. Les politiques sont devenus familiers du sujet. Depuis, les uns et les autres aimeraient voir davantage d'activités, aujourd'hui réalisées de gré à gré, passer par les infrastructures de marché.Si les produits ou les marchés sont davantage encadrés, le secteur de la compensation et du règlement-livraison pourra-t-il faire l'économie d'une directive ?En tant qu'infrastructure internationale, nous sommes régulés par la Banque centrale du Luxembourg et en tant que banque par la Commission de surveillance du secteur financier [le régulateur luxembourgeois]. De plus, le Comité européen des régulateurs (CESR) et le système européen des banques centrales ont émis des recommandations, et nous les respectons très sérieusement. Ce sont les régulateurs qui mènent le jeu et ce sont eux qui détermineront l'avenir des marchés financiers. Nous ne sommes qu'au début du processus.Vous évoquiez la plate-forme Target 2 Securities. Quel sera son impact sur Clearstream ?Cet été, 27 organismes se sont engagés à utiliser la plate-forme intégrée de la BCE. La clé du succès pour T2S, c'est d'avoir des volumes suffisants pour apporter les baisses de tarifs promises. Mais les volumes ne nous appartiennent pas, ils appartiennent aux banques. Si les banques françaises sont favorables au projet, le soutien des banques anglo-saxonnes est moins clair. Tout le monde doit donc être impliqué. À terme, le paysage en ressortira changé. Les dépositaires centraux nationaux devront évaluer leur capacité à apporter une valeur ajoutée. Pour Clearstream, le règlement-livraison en monnaie banque centrale ne représente que 6 % de notre chiffre d'affaires et nous apportons déjà de la valeur ajoutée.PROPOS RECUEILLIS PAR c. Fr.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.