Et soudain apparut un nouveau business modèle  : faire payer les contenus du Web

écitL'année 2009 est celle où l'on a pris conscience que la publicité ne pourra pas tout financer sur Internet. » Le mot est de Maurice Lévy, patron du géant français de la publicité Publicis. Certes la publicité en ligne est le seul segment du marché pub qui ne sera pas tombé en récession en 2009. Mais en dehors de Google, véritable aspirateur à publicité (via les liens sponsorisés), le monde des médias se retrouve devant une impossible équation économique.En quelques mois, le modèle des contenus payants sur Internet a donc réapparu. Inconcevable il y a encore peu de temps, tant la notion de gratuité semblait associée à la Toile. Rupert Murdoch, le propriétaire de News Corp., est ainsi devenu le symbole de ce nouveau combat des éditeurs en quête de revenus. Il a lancé une première petite bombe quand il a fait part de son intention de rendre les contenus de ses sites payants. À ce jour, seul l'accès au « Wall Street Journal » est payant, une décision prise par la bible des affaires américaine dès 1996. C'est ce modèle que songe à décliner Citizen Murdoch pour ses journaux anglais le « Times » et le « Sun » ou pour le « New York Post » américain. Seule évolution sûre à ce jour, celle du « Times », qui devrait proposer différentes offres payantes ? soit à l'acte, soit par abonnement ? à compter du printemps prochain. Plus récemment, l'allemand Springer, qui édite « Die Welt » et « Bild », le quotidien le plus lu d'Allemagne, a déclaré qu'il allait réfléchir à l'abandon du tout-gratuit sur le Net.Surtout, Rupert Murdoch a lancé l'offensive contre Google qu'il accuse de piller les journaux via son service Google News, qui agrège les contenus de l'ensemble de la presse sans rien leur reverser. Il n'a pas hésité à menacer Google de retirer son propre contenu? mais ne l'a toujours pas fait alors que rien ne l'en empêche. Pas facile de renoncer à une audience certaine (qui attire trop peu de publicité, mais qui rapporte), pour des contenus payants dont on ne sait qui les achètera?culture de la gratuitéLe lecteur est-il prêt à sortir sa carte bleue pour s'informer sur la Toile ? D'après une étude Forrester de décembre, il semble que les consommateurs ne soient pas encore prêts à payer pour consommer de la musique, des vidéos, des films et des médias en ligne. La gratuité a encore de beaux jours devant elle, car 58 % des consommateurs européens (55 % des Français) n'envisagent pas aujourd'hui de payer pour accéder à des contenus sur Internet.Mais là où le coup de gueule de Rupert Murdoch a fait bouger les choses, c'est qu'il a pris langue avec Microsoft afin de mettre son moteur de recherche Bing en concurrence avec Google. Pour offrir gratuitement des contenus, les moteurs de recherche, qui deviennent ici des agrégateurs, seraient donc prêts à acheter des droits exclusifs. Une petite révolution. De leur côté, les éditeurs français tentent de s'unir, via le Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), afin d'adopter une position commune contre Google. Même combat du côté des grandes agences de presse mondiale (Associated Press, Reuters, AFP) qui cherchent aussi à faire plier le moteur de recherche. Elles réfléchissent à le priver de leurs précieux contenus, si elles ne parviennent pas à en obtenir une rémunération.kiosques numériquesAutre piste pour tenter de faire revenir, dans la chaîne de valeur, le balancier vers les créateurs de contenus, les kiosques numériques. Quatre grands éditeurs américains ? Conde Nast, Hearst, Meredith et Time ? ont créé un consortium, auquel News Corp. s'est d'ailleurs rallié, pour créer leur propre kiosque numérique, porte d'entrée unique à leurs contenus qu'ils pourraient commercialiser aux prix de leur choix.Les nouveaux supports de lecture, que ce soient les smartphones, iPhone en tête, ou les lecteurs numériques, du type Kindle d'Amazon ou Reader de Sony, pourraient aussi permettre de faire payer ce que les lecteurs avaient pris l'habitude d'avoir gratis. En faisant payer le service, par exemple avoir le journal dès le soir précédant sa parution, des quotidiens comme « Libération » ou « La Tribune » font ce pari. D'autres comme « Le Figaro » préparent le lancement de contenus payants sur leur site Web. Les journaux prennent de nouveau des risques. S. B., S. C. et J.?B. J.
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