Nouvel aléa pour le terminal méthanier d'EDF à Dunkerque

Le projet de terminal méthanier à Dunkerque qu'EDF étudie depuis quatre ans vient de subir un nouvel aléa, avec la sortie début décembre de l'électricien du capital de l'allemand EnBW. Selon nos informations, EnBW était en effet, au côté de l'espagnol Gas Natural et de Total, l'un des trois partenaires de ce projet de terminal, qui permet de regazéifier le gaz transporté sous forme liquide (GNL) par bateaux. Dans sa dernière mouture, il était prévu que chacun des trois industriels achète 2 milliards de mètres cubes par an, EDF enlevant le reste, soit 4 à 7 milliards de mètres cubes. Total, devant la polémique sur la fermeture de sa raffinerie à Dunkerque, s'est aussi engagé à prendre 10 % de l'entreprise en charge du projet.Mais le rachat par le Land du Bade-Wurtemberg des 45 % d'EDF dans EnBW va entraîner de nouveaux délais pour une décision d'investissement, qui fait déjà l'objet de débats en interne chez EDF, Henri Proglio n'en étant pas un fervent partisan. Il reviendra au nouveau conseil d'administration d'EnBW, qui pourrait prendre jusqu'à quatre mois pour être formé, de réévaluer la pertinence de sa participation au projet. EDF, sommée cet été par l'ancien ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, de valider le projet avant fin 2010, après l'annonce d'un nouveau report, s'en tient pour sa part à sa communication habituelle. « EDF poursuit les discussions et les études avec l'ensemble des partenaires du projet, aucune décision n'est prise à ce stade. »Capacités de regazéification Pour le groupe, l'équation économique du projet n'est pas très encourageante. Le marché du GNL européen est déprimé par la conjoncture économique et la révolution des gaz non conventionnels partie des États-Unis. Et les capacités de regazéification ne manquent pas dans l'Hexagone. GDF-Suez exploite déjà trois terminaux. Shell et le néerlandais Vopak réfléchissent à la construction d'un site à Fos. Ajoutés à celui de Dunkerque, ces terminaux existants ou projetés représenteraient environ 40 milliards de mètres de capacité de regazéification annuelle, soit 80 % de la consommation française. Mais l'environnement concurrentiel en France vient de s'éclaircir un peu. Selon nos informations, le fournisseur alternatif Poweo, confronté à d'importantes difficultés, a renoncé à son projet de terminal au Havre, conséquence de son choix récent de céder ses actifs de production d'électricité à son actionnaire de référence, l'électricien autrichien Verbund. Ce dernier, dont aucun représentant n'était joignable mercredi, n'a pas fait connaître ses intentions sur ce projet. Mais compte tenu du coût déjà élevé de son aventure en France et de son expertise principalement hydraulique, il semble improbable qu'il le poursuive. Quoi qu'il en soit, la décision de construire le terminal de Dunkerque, qui nécessite environ 1 milliard d'euros d'investissement, ne reposera pas forcément sur la seule rationnalité économique intrinsèque du projet, soulignent différents observateurs. Le terminal de Dunkerque constitue par exemple une carte intéressante pour EDF dans l'intense lobbying autour du débat sur le prix auquel l'entreprise devra céder une partie de son électricité nucléaire à ses concurrents dans le cadre de la loi Nome.
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