Le groupe s'est métamorphosé pour se préparer à l'ouverture totale du marché

L'ouverture totale du marché postal tombe mal. Le marché s'effondre sous les coups de butoir de la dématérialisation du courrier, de la manie du SMS et de la mode du e-mailing. Environ 30 % du trafic du courrier devrait avoir disparu entre 2008 et 2015. « C'est certes beaucoup, entre 4 % et 5 % par an, mais c'est un rythme maîtrisable », assurait en octobre Nicolas Routier, directeur général adjoint de La Poste en charge de la branche courrier, président de Sofipost.Car La Poste se dit fin prête. Jean-Paul Bailly n'a pas ménagé sa peine. De l'État, le patron de La Poste a obtenu beaucoup. Dont la création d'une banque de plein exercice en 2006. Ladite Banque Postale peut désormais opérer sur les marchés des assurances et du crédit à la consommation qui lui étaient jusqu'ici interdits. Parallèlement, La Poste cherche à réduire ses coûts. « Le plus important est de maintenir la rentabilité », soulignait récemment Nicolas Routier. D'ici à 2015, La Poste doit réaliser 20 % d'économies par rapport à 2008, soit une réduction de 2,5 % à 3 % par an. Dès 2003, La Poste a revu son outil industriel de tri pour « diminuer le coût du traitement du courrier et améliorer la productivité ». Elle a consacré 3 milliards d'euros à la création de plates-formes industrielles de courrier (PIC), en ouvrant notamment celles de Wissous et de Gonesse en région parisienne. Une trentaine des 40 de ces plates-formes prévues ont été inaugurées.supérettes du courrierL'entreprise s'est ensuite dotée des moyens financiers de résister à une nouvelle concurrence sur son territoire. Il lui aura fallu deux ans de tractations pour devenir, en mars 2010, une société anonyme à capitaux publics. Une augmentation de capital à hauteur de 2,7 milliards d'euros, souscrite par l'État et la Caisse des dépôts et consignations, doit lui permettre maintenant de financer son développement et des opérations de croissance externe, notamment à l'étranger. Au grand dam de certains qui y voient une subvention accordée à la veille de l'ouverture du marché du courrier. « Ce n'est pas une aide publique, mais un investissement dans une entreprise publique », argumente-t-on en interne. Bruxelles doit se prononcer sur cette recapitalisation tout début janvier 2011. « Notre dossier est bon, contrairement à ce qu'il se dit. Nous sommes sereins », indique un membre de la direction.L'année 2011 devrait aussi être celle de gros lancements censés pallier la perte de chiffre d'affaires de La Poste. « Car, nulle part ailleurs dans le monde, le courrier ne suffit à rentabiliser un réseau », indique un cadre. Les salariés et les usagers vont en « payer le prix fort », regrette la CGT. La Poste a déjà transformé plusieurs de ses agences en supérettes du courrier, avec ses enveloppes et papier à bulles prétimbrés. Elle s'apprête à aller plus loin, en se lançant sur le marché de la téléphonie mobile. La Poste deviendra MVNO, en partenariat avec SFR, au premier semestre 2011. À cette période, elle dévoilera aussi sa boîte aux lettres virtuelle Digiposte où, par exemple, un employé pourra recevoir les fiches de paie émises par son employeur. Elle pousse aussi ses pions sur le marché du courrier des entreprises. « Les entreprises veulent de nous des solutions intégrées », rappelle Nicolas Routier. Juliette Garnie
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