Les banques françaises, des valeurs à la casse

Nombre de grands patrons se plaisent à dire qu’ils ne gouvernent pas leur société avec les yeux rivés sur son cours de Bourse. Dans le cas des banques françaises, qui commenceront à publier leurs résultats du deuxième trimestre cette semaine, cela vaut mieux, en effet. Car, de descentes en piqué en rebonds spectaculaires, les quatre principales banques françaises affichent au total des performances boursières désastreuses sur les douze derniers mois. L’action BNP Paribas chute de 33%, le titre Natixis plonge de 35%, le cours de la Société générale s’effondre de 48% et celui de Crédit agricole, de 60%. Si encore, le CAC 40 flanchait dans des proportions identiques… Mais non, l’indice-phare de la Bourse de Paris accuse un repli de 11% seulement, sur un an glissant.Des valorisations comprises entre 0,2 et 0,5 fois l’actif netRésultat, quand le CAC 40 se paie 1 fois les fonds propres – un multiple déjà faible -, les banques valent 0,5 fois leur actif net dans le meilleur des cas (BNP Paribas) et 0,2 dans le pire (Crédit agricole). Il n’y a que le secteur automobile pour afficher des ratios de valorisation aussi faibles. Pour mémoire, le secteur bancaire français pouvait se targuer d’un « price to book » de 1,5 en 2006. « Les incertitudes concernant la capacité de plusieurs pays européens à rembourser leur dette publique handicapent fortement les banques, d’autant plus que la crise de la dette souveraine glisse progressivement vers une crise du secteur bancaire, comme le montre l’exemple de l’Espagne », explique le cabinet Ricol Lasteyrie.21 milliards d’euros d’exposition à la dette publique italiennePourtant, les banques françaises ont fait le ménage dans leur portefeuille d’obligations souveraines grecques, depuis l’exacerbation de la crise de la dette, l’été dernier. La Société générale, BNP Paribas, le Crédit agricole et Natixis ne sont plus exposées qu’à hauteur de 0,5 milliard d’euros, au total, à la Grèce, selon les données de Thomson Reuters. Et leur exposition globale à l’Espagne n’excède pas 1,4 milliard d’euros. L’Italie, en revanche, c’est une toute autre affaire : les banques françaises détiennent… près de 21 milliards d’euros de dette publique italienne.A quoi s’ajoute leur implantation de l’autre côté des Alpes. BNP Paribas, par exemple, avait racheté l’italienne BNL pour la coquette somme de 9 milliards d’euros, début 2006. Mais combien vaut BNL aujourd’hui ? Nombre d’analystes estiment que BNP Paribas ne pourra faire l’économie de dépréciations sur sa filiale italienne, et n’excluent pas non plus de nouvelles dépréciations sur la participation du Crédit agricole dans Intesa SanPaolo.Des activités de marchés au point mortConséquence, les analystes sondés par l’agence Bloomberg prédisent que BNP Paribas publiera jeudi une chute de 21% de son bénéfice net, au titre du deuxième trimestre, à 1,58 milliard d’euros. Et que le Crédit agricole dévoilera une perte de 244 millions d’euros, le 28 août, contre un bénéfice de 339 millions un an auparavant. Concernant la Société générale et Natixis, qui publieront leurs résultats mercredi et jeudi, le consensus Bloomberg prévoit une baisse de 6% du résultat net pour la première, à 698 millions d’euros, et un plongeon de 30%, à 350 millions, pour la seconde. Des contre-performances à mettre également sur le compte des activités de marchés, comme le courtage et le conseil en fusions et acquisitions, au point mort – ou presque – depuis près d’un an. Les résultats de Boursorama chutent Le groupe français de courtage et de banque en ligne, filiale de la Société générale, a publié ce lundi un plongeon de 18% de son bénéfice net, au titre du premier semestre, à 18,8 millions d\'euros. Et ce, pour un produit net bancaire en repli de 9%, à 101,7 millions. \"Le deuxième trimestre 2012 a été marqué par des marchés en fort repli, qui ont conduit les investisseurs particuliers à adopter un comportement attentiste\", souligne Inès Mercereau, PDG de Boursorama. Conséquence de la baisse des revenus tirés du courtage, l\'activité bancaire a représenté près de 60% du PNB réalisé par Boursorama en France, son premier marché, où cette banque en ligne compte 400.000 clients.       
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