La confession du pasteur Burg : une passion dévorante

La Manufacture des Abbesses nous plonge dans un drame de la passion divine mais aussi humaine. Un magnifique spectacle d'une rare intensité
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Créée en 2006 à Genève à partir du roman de Jacques Chessex, La confession du pasteur Burg est une pièce qui ne fait rien d'autre que parler de nous. Et c'est déjà beaucoup. Relatée à travers la bouche d'un unique protagoniste sur scène, Frédéric Landenberg, l'histoire nous emmène dans l'univers stricte, froid et redoutablement exigeant d'un pasteur soucieux de "l'ordre" métaphysique mais aussi de ses paroissiens. Il ne se permet aucun dérapage par rapport à la sainte parole et n'en permet pas davantage de la part de ses ouailles. D'ou ses sermons parfois excessifs. Sermons qui seront officiellement critiqués par le synode, pour le plus grand mécontentement de notre pasteur. Du coup, celui-ci va ourdir le projet de se venger. Pour se faire, il envisage de séduire une jeune catéchumène, fille d'un riche commerçant "débauché", pour lequel il ne voue que haine et dégoût. Et ce qui devait arriver, arrive, bien sûr; Il tombe profondément amoureux de cette jeune fille, Geneviève. Et celui qui n'était que la voix d'un dogme dur, austère et vengeur se transforme en un homme simplement humain, mais tellement heureux et flamboyant, enfin. Faisant sienne cette théorie pour le moins mystique elle aussi : nous allons tous mourir, rien ne dure sur cette terre, hormis l'amour.
Mais ce bonheur sera de courte durée, car Geneviève mourra des suites d'un avortement imposé par son père et le pasteur, ne pouvant supporter cette situation mourra à son tour. D'amour ? en se suicidant ? La vengeance divine semble la plus forte. A moins que le pasteur Burg n"aies finalement réussi à se jouer de ce Dieu intransigeant en se donnant lui même la mort.
Cette pièce mise en scène par Didier Nkebereza nous place donc terriblement devant notre humanité mais aussi notre spiritualité, souvent sans dieu. Jacques Chessex, grand écrivain suisse avait vu les répétions de ce spectacle avant de mourir précipitamment en 2009. Il avait alors été séduit par le jeu de Frédéric Landenberg, ajoutant à la fin de la représentation : "Maintenant, grâce à vous, j'aime mieux mon livre". Et de fait, ce jeune acteur est en osmose parfaite avec son personnage, tout à la fois puissant, nuancé et tellement tendre. Le spectacle ne dure qu'une heure. Une heure d'une densité extrême.

La confession du pasteur Burg
de Jacques Chessex
La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018. Métro Abbesses
Du mardi au samedi à 19h
prix des places : de 13 à 24 euros
Tel : 01.42.33.42.03
Internet : www.manufacturedesabbesses.com

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