La Passion selon Saint Mathieu défie les lois de l'apesanteur au Théâtre des Champs Elysées

Pierre Cao et l'orchestre les Talens Lyriques ont donné une magnifique version dominée par un Choeur parfait dans l'évocation du mystère de la foi.
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Y-a-il ?uvre plus monumentale ? Pas dans le sens d?énorme, ni dans celui d?encombrante ou de monstrueuse. Mais bien dans celui d?absolue. La passion selon saint Mathieu de Bach est plus qu?une oeuvre musicale destinée à louer la mort et résurrection du Christ. C?est un moment d?éternité. Que l?on soit croyant ou pas, le cantor nous fait voyager ici dans un monde parallèle où la raison n?a plus aucune légitimité. Nous sommes dans le monde sacré de la toute puissance musicale de ce génie. Nous sommes aspiré par cette vague spirituelle, avec ou sans dieu, qui nous emmène loin, très loin dans les limbes de l?émotion.

Justesse du double choeur

Et quelle émotion, ce lundi 2 avril, au Théâtre des Champs Elysées, en écoutant cette version dirigée par Pierre Cao avec l?orchestre des Talens Lyriques et le Ch?ur Arsys Bourgogne. Cette passion était dominée par la justesse de ton du Ch?ur et plus particulièrement du double ch?ur puisque Bach a voulu amplifier les effets de cette ?uvre en l?écrivant pour deux orchestres, deux ensembles de solistes et deux orgues. Histoire de mettre en lumière le dialogue entre le Christ et l?Eglise. De créer un écho. De mettre face à face le ciel et la terre, l?infiniment grand et l?infiniment petit. Par cette construction, il met parfaitement en valeur les nombreux versets de cette passion relatée par Saint Mathieu.
Et ce double ch?ur était très sobre dans cette évocation du calvaire de Jésus, rendant à la perfection ce que souhaitait tant le cantor : un sentiment de compassion et d?espérance au sein de la communauté des croyants. Les solistes n?étaient pas en reste. Surtout Markus Schâfer, dans le rôle de l?évangéliste récitant, dont la voix était redoutablement convaincante et bien posée.

Exceptionnel aria de viole de gambe

La magie de la passion selon Saint Mathieu réside aussi dans la succession de solos réservés à une série d?instruments que l?on entend rarement de la sorte. Se succèdent ainsi flûtes à bec et traversière, hautbois de différents types, basses continue et viole de gambe, dans une vaste fresque nous plongeant au c?ur du mystère de la foi chrétienne. Et l?aria pour la viole de gambe a sans doute été le moment le plus émouvant de la soirée. Divinement joué et mis en valeur par un touché à la fois vigoureux et sensuel du musicien sur son instrument, ce morceau fut assurément le plus réussi. A tel point que les tousseurs les plus assidus en oublièrent de tousser?
Lorsque l??uvre se termine, on n?a pas envie de sortir de ce rêve spirituel. On est comme orphelins de  toutes ces notes qui nous ont emmené si haut. Pierre Cao ne semblait pas redescendre non plus, son regard demeurant lointain. Notre quête de l?absolue était presque sur le point d?aboutir. On repart avec cette émotion rare d?avoir touché, sans pouvoir le conserver,  l?inaccessible.
 

Commentaires 5
à écrit le 10/04/2012 à 17:28
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Passion selon saint Matthieu avec un "s" bdc (ce n'est pas un prénom) et deux "t", eut été mieux ;-)

à écrit le 03/04/2012 à 19:23
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St. Matthieu prend 2 "t"...

le 10/04/2012 à 17:30
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et saint une bdc, car le prénom de Matthieu n'est pas Saint...

à écrit le 03/04/2012 à 19:10
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Est-ce qu'un enregistrement est programmé ? Où sera le prochain concert et les dates ? Merci à vous

le 05/04/2012 à 21:52
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Pas d'enregistrement au disque mais le concert a été capté par France Musique (diffusion à prévoir donc sur cette radio). Prochaine date en la basilique de Vézelay le 25 août 2012 à 21h http://arsysbourgogne.com/agenda

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