Pourquoi investir dans les obligations "corporate" en 2009 ?

Par Raffaele Bertoni, responsable du marché des obligations en Europe chez Pioneer Investments.

En 2008, les marchés d'actions se sont montrés extrêmement volatils essentiellement du fait de l'aversion pour le risque engendrée par la crise mondiale du crédit. La plupart des classes d'actifs - actions, obligations "corporate" et obligations des marchés émergents notamment - ont fait les frais d'une fuite vers la qualité, particulièrement aiguë au quatrième trimestre. La crise financière a ravivé le spectre d'une récession sévère et prolongée, comparable à celle des années 1930. Sans nier l'ampleur de la crise actuelle, plusieurs facteurs permettent toutefois d'écarter l'hypothèse d'une répétition de la Grande Dépression.

Actuellement, les gouvernements de la planète déploient des moyens colossaux pour enrayer la crise financière, contrairement au scénario des années 1930. A l'époque, la Réserve fédérale américaine avait adopté des mesures protectionnistes et une politique monétaire restrictive, augmentant de fait la sévérité et la durée de la récession. Aujourd'hui, la Fed - imitée par les principales banques centrales - a baissé ses taux de manière radicale et considérablement augmenté la taille de son bilan, qui est passé de 900 milliards de dollars au 31 août 2008 à plus de 2.000 milliards de dollars.

Les pouvoirs publics ont mobilisé d'importants moyens pour secourir les établissements financiers étranglés par la crise et atténuer l'impact de la pénurie de crédit sur l'économie générale. Ces initiatives visent à restaurer le bilan des banques de manière à dégripper les marchés de crédit et éviter une récession à la fois profonde et durable. Parfois désordonnées à l'échelle mondiale, ces mesures gouvernementales témoignent cependant de la détermination des autorités à lutter contre la crise actuelle, et devraient à terme créer un climat propice au retour de la confiance.

N'échappant pas à la tendance générale, les obligations corporate ont fait l'objet de dégagements massifs, conséquence d'un environnement technique exécrable et de l'aversion des investisseurs pour le risque. La liquidité s'est évaporée et les spreads se sont considérablement élargis. Outre la désertion d'investisseurs recherchant la sécurité du cash, les obligations corporate ont été victimes de nombreuses ventes forcées, émanant notamment de "hedge funds" confrontés à des retraits et au dénouement de produits structurés financés à crédit. Dans ce contexte, le marché a lourdement chuté, l'indice de référence Merrill Lynch Euro Investment Grade ayant clôturé l'année 2008 en repli de 8,1%.

Cette chute des cours obligataires s'est traduite par une envolée spectaculaire des "spreads" qui, de l'avis de nombreux observateurs, anticipe un taux de défaut excessif à l'échelle mondiale. Il faut certes s'attendre à une augmentation du nombre de défaillances en 2009, mais dans des proportions nettement moins alarmantes que ce qu'indiquent les niveaux de spreads actuels. A titre d'exemple, sur le marché européen, les obligations courtes de qualité "investment grade" offraient un rendement au 31 décembre 2008 supérieur de plus 400 points de base aux emprunts d'Etat et au taux sans risque. Dans ce contexte, les valorisations des obligations "corporate" les mieux notées sont désormais nettement inférieures à leur moyenne historique.

A court terme, l'économie mondiale reste confrontée à de nombreuses difficultés. On observe toutefois des velléités de stabilisation sur les marchés de crédit, notamment à l'égard du secteur financier, ainsi qu'un regain de confiance des investisseurs. Fort du soutien explicite ou implicite accordé par les pouvoirs publics, le papier bancaire devrait ainsi susciter un regain d'intérêt parmi les investisseurs.

En résumé, la correction des marchés de crédit en 2008 est essentiellement imputable à l'environnement technique et au phénomène d'aversion pour le risque. Malgré une conjoncture et des conditions de marché qui s'annoncent délicates en 2009, les obligations "corporate" constituent une opportunité d'investissement intéressante, en particulier au regard des obligations d'Etat.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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C'est vrai, mais des choix s'imposent, si l'on veut éviter des surprises. A ce jour, tout est fragilisé.

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