Le site Facebook a créé la stupeur en révélant que, lorsqu?un utilisateur du réseau social "partage" photos ou textes avec ses "amis", il en perd le contrôle. Quand bien même il supprime ses données lui-même, d?autres copies subsistent et peuvent réapparaître un jour, comme les épaves ramenées sur le sable par la marée. Récemment, un candidat à l?emploi s?est vu refuser le job proposé parce que ses employeurs potentiels avaient repêché dans les eaux troubles du Net d?anciennes photos de lui où il n?était pas précisément en costume trois-pièces.
Gare à Fesses-book?! On a longtemps considéré l?Internet comme le royaume de l?instantané, où un événement, une émotion, une surprise chasse l?autre. Rien de plus fallacieux que cette image. Le réseau est au contraire un marbre où tout se grave pour l?éternité ? au moins pour des dizaines, peut-être des centaines d?années. L?Internet est une mémoire que rien n?ébranle, qui empile les souvenirs en les rendant accessibles à tous en un clic.
Depuis leur naissance, les nouvelles technologies de l?information révèlent peu à peu leurs usages et leurs caractéristiques, parfois très surprenantes. On croyait qu?elles permettaient des communications individuelles sûres, voici qu?elles exposent l?intimité sur la place publique. On imaginait qu?elles permettraient l?éclosion d?idées singulières, qu?elles donneraient à l?individu sa revanche sur tous les pouvoirs.
Elles sont aussi les alliées de Panurge, déclenchant des comportements moutonniers, tant pour les opinions que pour la consommation. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Hier libertaires et libérales, elles pourraient, demain, servir l?autoritarisme et le contrôle des personnes avec une efficacité sans précédent. En clair, sciences et technologies ne sont ni bonnes, ni mauvaises, elles ont le visage des utilisations que nous en faisons. Ce qui nous ramène à nos éternelles responsabilités, celles de la régulation.
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