De la performance financière à la performance globale de l'entreprise, quels nouveaux défis pour la fonction Finance en 2009 ?

Par Patrick Bertrand, directeur général du groupe Cegid.

Victimes collatérales de la crise financière, les entreprises se trouvent confrontées à une situation de rupture qui implique un changement profond du rôle des directeurs financiers. Quatre nouveaux défis dessinent désormais les contours de leur mission, en les positionnant plus que jamais comme les acteurs du changement et de la performance de leur entreprise.

1. Sécuriser les moyens de financement : revenir aux fondamentaux

La crise actuelle conduit à un retour remarqué des fondamentaux, comme si chacun avait perdu ses repères pendant les années fastes
Dans un tel contexte, les entreprises vont devoir compter sur leurs propres capacités de financement. Le BFR (besoin en fonds de roulement), le risque clients, et les équilibres des bilans (ratios de dettes par rapport aux fonds propres et à la capacité d'autofinancement), constituent des principes de base du métier de directeur financier et de la gestion d'entreprise. Le capital et le cash, éléments moteurs de l'entreprise, deviennent à nouveau une priorité pour les directeurs financiers.

2. Maîtriser les risques : de l'analyse à la prévention

Une entreprise aux performances économiques et financières élevées peut se trouver confrontée à des difficultés importantes, voire fatales, du fait des conséquences de risques non maîtrisés. Ces risques sont de toute nature, financiers ou opérationnels, traditionnels ou plus récents, comme par exemple les risques environnementaux, d'image ou réglementaires.

La "judiciarisation" grandissante du monde économique se traduit également par un recours de plus en plus systématique à la mise en cause de la responsabilité des acteurs économiques, risque accentué par la possibilité d'actions collectives. Enfin, il est avéré que les périodes de crise augmentent de façon significative les risques de fraudes.

Le recensement et l'analyse des risques, leur prévention et leur couverture par des mécanismes d'assurance appropriés, constituent ainsi une composante déterminante de la mission des directeurs financiers.

3. Faire évoluer les systèmes d'information : de la donnée à l'information

Ce n'est plus l'accès à l'information qui constitue le facteur différenciateur, mais bien la capacité à trier et sélectionner une masse de données disponibles, pour produire une information "pertinente". L'avantage compétitif que toute entreprise recherche, sera plus facilement obtenu par celui ou celle qui détient une information triée, analysée et donc signifiante.

Les années 1990 ont été marquées par des investissements importants des entreprises dans des systèmes d'information, de type "back office", qui avaient pour principal objectif d'assurer un traitement rapide et homogène des données, et d'en en assurer la sécurité et la traçabilité. Ce n'est plus suffisant ! Au cours de ces dernières années, les systèmes d'information ont évolué pour assurer la transformation de ces données en une information qui permette de piloter les activités de l'entreprise.

Le contexte actuel rend encore plus nécessaire l'ajustement ou l'investissement dans un système d'information performant. Pilotes de cette transformation, et/ou de cette évolution, avec l'appui du directeur des services informatiques (DSI), les directeurs financiers pourront ainsi faire face à l'une de leurs missions sans doute la plus essentielle, être les garants d'une information fiable, intègre et produite rapidement.

4. Rendre la priorité à la "substance over form" (prééminence de la réalité économique sur l'apparence légale et/oui contractuelle) : la crise actuelle est aussi une crise de gouvernance !

"L'affaire" Enron a conduit à la mise en place d'un corpus impressionnant de règles de toute nature, destinées à encadrer le fonctionnement de la gouvernance des entreprises et des marchés (loi Sarbanes-Oxley, LSF, normes IFRS, règles de gouvernance, etc .). Cela n'a pas permis d'éviter les graves sinistres que l'économie mondiale vient de connaître.

On a tout simplement oublié qu'entre les règles et les faits, il y avait des acteurs essentiels, des hommes et des femmes, êtres par nature imparfaits, ce qui implique un risque "d'exécution". Ce risque augmente fortement si les acteurs de la vie économique ne sont pas aussi animés par une dimension supplémentaire, l'éthique. En l'occurrence ici, la volonté de respecter, non seulement la lettre, mais surtout l'esprit des règles instaurées. Le bon fonctionnement de nos économies passe impérativement par la réhabilitation du principe de "substance over form".

Les dirigeants d'entreprise sont particulièrement concernés par ce point, et en tout premier lieu les directeurs financiers, notamment dans leur rôle, non seulement de production de l'information, mais aussi d'analyse et de diffusion, interne et externe, de ces informations.

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