Au sommet, dérapages contrôlés

Par Erik Izraelewicz, directeur de la rédaction de La Tribune.

Ce 18 février n'aura donc pas été le 26 octobre 1995 de Nicolas Sarkozy - le jour du grand tournant, du reniement. En 95, Jacques Chirac, alors à l'Elysée, avait brusquement renoncé à son combat contre la "fracture sociale" pour choisir la rigueur.

Les propositions avancées hier par le président de la république marquent certes une inflexion dans la politique de Nicolas Sarkozy, au nom de la "justice sociale". Elles conduisent à un rééquilibrage du plan de relance initial, en faveur du pouvoir d'achat des plus modestes. L'investissement et l'emploi restent la réponse prioritaire à la crise.

Mais face à la dégradation accélérée de la conjoncture et à un climat social jugé "dangereux" à l'Elysée, Nicolas Sarkozy a voulu renforcer les mesures en faveur des plus fragiles ? les jeunes, les chômeurs, les personnes âgées, les familles nombreuses, etc. Il avait annoncé, le 5 février, des aides pour un montant de 1,4 milliard d'euros. En quinze jours, l'addition, pour l'Etat, a été multipliée par deux?: son coût approche maintenant les 2,6 milliards d'euros.

C'est beaucoup, surtout pour un Etat exsangue, encore stigmatisé hier par Bruxelles pour son laxisme et qui pourrait à nouveau verser au pot, aujourd'hui, pour les Antilles. C'est parfois maladroit ou malvenu aussi. A-t-on vraiment besoin de créer une nouvelle usine à gaz (le fonds d'investissement social) pour améliorer le financement de la formation des jeunes et des chômeurs?? De telles usines, on en compte déjà beaucoup en France?; celles-là ferment rarement.

L'allégement de l'impôt sur le revenu pour les familles les plus modestes est-il ensuite opportun dans un pays où un ménage sur deux déjà ne paie pas cet impôt, le plus juste de tous nos impôts pourtant?? Tout cela, c'est peut-être un moindre mal. Le plan proposé hier ne prévoit pas de nouvelles taxes sur les entreprises?; il ne leur impose pas de hausse générale des salaires?; il leur demande simplement de mieux répartir leurs profits, quand elles en font.

Le président veut par exemple interdire le versement de bonus aux patrons d'entreprises qui licencient. Pourquoi pas?? Le processus engagé a néanmoins de quoi inquiéter. Ayant démontré que la mobilisation paie, les syndicats vont naturellement faire monter les enchères. Le 19 mars, leur prochaine journée d'action, pourrait obliger l'Etat? à doubler à nouveau la mise. Et ainsi de suite. On a évité, hier, le hors-piste. Pas sûr que le planter de bâtons, dans la poudreuse, soit vraiment moins risqué.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je suis affligé de voir et lire votre article tellement diriger concernant ces mesurettes social qui en aucune manière ne calmerons la grogne social , vous avez oublié le mot très mode de ce gouvernement JUSTICE qui est une vanité et la preuve flagr...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les Antilles, PIB 100 millions, importations, 1 milliard, déficit annuel, 900 millions, montant du don annuel de la communauté nationale à cette région. Qui empêche sournoisement les Antilles de se développer mieux que la Creuse ou que ses voisines i...

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