Salon du livre : Gutenberg en sursis

Par Valérie Brunschwig-Segond, journaliste à La Tribune.

Voici une industrie, l'édition, qui, avec un produit de plus de cinq cents ans, fait un beau pied de nez à la crise : avec ses 70.000 titres édités en 2008, l'édition française produit toujours plus de livres pour toujours plus de lecteurs ! Même les jeunes, hypersollicités par les charmes de l'interactivité, reviennent en force à la culture écrite. C'est dire !

Grâce à une innovation constante dans la littérature jeunesse, la BD, le livre d'art ou d'art de vivre, l'édition a su répondre aux aspirations d'une société de plus en plus diversifiée. Grâce aux profits réalisés sur les auteurs de renom, elle a donné la parole à toujours plus de talents. Et grâce à la numérisation du "back-office", elle a sorti des ouvrages sur l'actualité de plus en plus vite. Même l'organisation de cette industrie laisse songeur au moment où l'ordre capitaliste tremble sur ses bases.

En France, avec l'aide des pouvoirs publics, l'édition a su protéger toute la chaîne, de l'auteur jusqu'au libraire de quartier, de l'imprimeur jusqu'au bibliothécaire. Permettant de faire cohabiter maisons familiales et groupes internationaux. Mais surtout, dans un monde où dominent le click de la souris et le pouce sur l'écran tactile, elle a préservé l'émotion physique du livre écrasé, écorné, griffouillé? En un mot, dévoré ! Seulement, jusqu'à quand ?

Car si l'édition reste rentable, c'est grâce à des prix élevés, qui n'ont pas baissé malgré les gains de productivité de la numérisation. Or, le nombre moyen d'exemplaires vendus par titre, de 8.700 aujourd'hui, a été divisé par deux en quinze ans. Si les prix de l'eRreader de Sony ou du Kindle d'Amazon sont encore élevés - 300 euros -, on peut parier que la loi de Moore mettra vite l'écran plat pliable à la portée de toutes les bourses.

Alors que chacun pourra avoir des millions de titres en poche, téléchargés à des prix qui seront une fraction du prix actuel, le livre numérique menace déjà l'industrie du livre de papier. Après avoir tué la photo argentique, le CD et le DVD, il promet de secouer tôt ou tard un modèle économique encore très protégé.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Domage que les lectures d'aujourd'hui ne soit plus des oeuvres d'écrivains artiste...mais plutot comme le disait deja Céline en 1940, des histoires de cocu...au style journalistique...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Connaissez-vous le prix délirant d'un livre électronique ? A peu près le prix d'un livre papier alors que bien entendu, il coûte 20 fois moins cher à diffuser. Si les éditeurs ne se dépêchent pas rapidement à revoir leur modèle économique, le piratag...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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« En France, avec l'aide des pouvoirs publics, l'édition a su protéger toute la chaîne, de l'auteur jusqu'au libraire de quartier, de l'imprimeur jusqu'au bibliothécaire », dites-vous? Comme on aimerait le croire? Les travailleurs à domicile de l'édi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Connaissez vous le plaisir quasi charnel qu'il y a dans un livre ? Ecouter le bruissement des pages, toucher la finesse du grain....voilà pourquoi le livre a encore de beaux jours devant lui...

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