Intérêt général de la société

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

Les bonus fous de l'assureur américain AIG d'un côté ; les stock-options de la Société Générale de l'autre. En un week-end, les dérives les plus excessives en matière de rémunération des dirigeants ont connu un brutal coup d'arrêt de part et d'autre de l'Atlantique, avec, aux Etats-Unis comme en France, la menace d'utiliser l'arme fiscale.

Si les politiques se sont emparés aussi vite du problème, ce n'est pas seulement pour répondre à la colère populiste qui gronde contre les comportements quasi aristocratiques de certains dirigeants d'entreprise. C'est aussi une question de survie pour le système capitaliste lui-même, qui ne peut plus tolérer de tels excès au moment où les Etats, c'est-à-dire les contribuables, sont sollicités à coups de centaines de milliards d'euros pour remettre sur pied le mécanisme du crédit. En devenant un outil quasi sans risque dans lequel "pile, je gagne, face, je ne perds pas", les stock-options ont perdu leur raison d'être.

A l'origine, ce dispositif avait été imaginé pour permettre à de jeunes entreprises en forte croissance d'attirer les talents qu'elles ne pouvaient pas se payer, en leur proposant une participation au capital, donc à la réussite de l'entreprise. Il s'est transformé au fil du temps en une rémunération différée dans laquelle des dirigeants salariés bénéficient d'un gain assuré sans prendre le risque de l'actionnaire. De fait, la Société Générale n'a pas seulement fait une maladresse de communication en annonçant son plan de stock-options le jour même où plusieurs millions de salariés ont défilé en France. Elle a surtout contrevenu au code éthique édicté par les patrons eux-mêmes, qui interdit en principe l'attribution d'options dans un marché baissier.

Et c'est d'ailleurs la pression conjuguée de Nicolas Sarkozy et du Medef qui les a fait finalement renoncer. L'affaire ne s'arrêtera pas là. Les stock-options ont fait l'objet depuis dix ans de trop de polémiques pour survivre à cette crise. Paradoxalement, la gauche, sous Lionel Jospin, leur a été plus favorable que la droite qui a plutôt durci ces dernières années leur régime fiscal et social, sans mettre fin aux abus.

Or, c'est justement parce que les stock-options engendrent des prises de risques excessives, notamment dans la finance, que ce système doit disparaître. Il ne s'agit certes pas de les interdire mais, par une fiscalité incitative, de favoriser des mécanismes plus vertueux, comme les attributions d'actions gratuites, plus transparentes et plus conformes à un capitalisme d'entrepreneurs.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il semble, en effet, que la BOURSE ait été plus favorable lorsque les socialistes se sont convertis au réalisme du marché et pour notre plus grand bien d'ailleurs; avis à Martine... DELORS!

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