Une migraine signée Bruxelles

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

L'Union européenne a réussi à se faire détester des couches populaires dans chacun de ses vingt-sept pays membres, peu ou prou. Mais l'administration européenne parvient aussi, par petites touches, à se rendre antipathique au grand public, et jusque dans les élites les plus europhiles.

L'affaire du vin rosé est emblématique. Cette vinification particulière à la France pourrait bientôt être concurrencée par un produit rose obtenu en mélangeant du vin blanc et du vin rouge. Les migraineux apprécieront. Aux viticulteurs furieux du Midi, Bruxelles propose benoîtement d'ajouter une mention du genre "traditionnel" ou "authentique" pour se distinguer des imitateurs. A quoi ils répondent qu'ils n'ont, eux, rien à prouver, et qu'ils vivent très bien ainsi. Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, jure de les défendre bec et ongles.

Le malaise qu'on éprouve devant cette affaire est - comment dire - feuilleté. Première couche : l'accablement. Pendant que nos pays fléchissent sous une crise économique sans précédent, voilà de quoi s'occupe l'UE. Deuxième couche : la suspicion. Une telle décision n'étant dictée ni par l'urgence ni par l'intérêt général, elle vient forcément de groupes de pression - et son exposition médiatique également. Troisième couche : l'incompréhension. Quelles sont les valeurs défendues ?

La qualité du produit, la traçabilité, la propriété intellectuelle (ou culturelle en l'occurrence) ne pèsent-elles rien, la concurrence doit-elle se faire uniquement par le bas ? En Italie, au même moment, c'est "l'orangeade sans oranges" qui fait les gros titres. Jusqu'à aujourd'hui, il fallait 12% de jus d'orange pour avoir droit à la dénomination. Après un vote du Sénat intégrant une directive européenne, ce seuil n'existe plus. Hurlements des producteurs d'oranges qui vont perdre un débouché de 120 millions de kilos par an. Et des nutritionnistes qui dénoncent la malbouffe.

En deux jours, deux grands pays braqués. Bravo, M. Barroso, continuez !

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Commentaires 9
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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"Pendant que nos pays fléchissent sous une crise économique sans précédent, voilà de quoi s'occupe l'UE" c'est un peu facile. L'Union est chargée de la politique agricole et de l'OMC. Dans le nouveau mone, le rosé est un mélange. Ces producteur ne p...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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"Pendant que nos pays fléchissent sous une crise économique sans précédent, voilà de quoi s'occupe l'UE" c'est un peu facile. L'Union est chargée de la politique agricole et de l'OMC. Dans le nouveau mone, le rosé est un mélange. Ces producteur ne p...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bravo pour cet éditorial. Accablement, suspicion et incompréhension sont des sentiments que je partage. Pourquoi l'UE ne met-elle pas réellement en oeuvre le principe de subsidiarité ? La définition de l'orangeade et du vin rosé ne devraient-elles pa...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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si quelqu'un est content d'acheter et boire un vin découpé, pourquoi vous voulez le lui interdire, c'est son droit. Pour la question subsidiarité, le règlement permet à la France de garder ses propres règles, mais elle n'aura plus le droit de les imp...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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la Commission Européenne nous a habitué au nivellement par le bas car elle est uniquement aux ordres des lobbies.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ras le bol de ces articles condescendants qui ciblent en permanence Barroso !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Hé ,madame l'editorialiste (avec le respect que je vous dois) ,quant es-ce que vous allez dire que ce pauvre barrosso n'est que le porte voix de l'assemblée qu'il préside ,que sa voix ne compte que pour un,et qu'il serrait plus avisé de votre part ,d...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Avant de parler de l'administration européenne, qui ne fait que ce que lui demande les Etats membres représentés au sein du Conseil et les citoyens représentés au Parlement, vous feriez bien de vous demander ce que font les politiques. Le représentan...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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En Allemagne, la commission européenne vient de s'attaquer au Bretzel Elle veut reduire la quantité de sel dans les bretzels, les allemands sont fous !

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