Gare aux désillusions, la reprise sera toute provisoire !

Par Nouriel Roubini est professeur d'économie à la Stern School of Business de l'université de New York et président de RGE Monitor (www.rgemonitor.com).

Il a suffi de quelques signes pour laisser croire que le ralentissement économique a déjà atteint son apogée aux États-Unis, en Chine et dans d'autres parties du monde. Mieux, que le retour à une croissance positive aux États-Unis serait possible dès le second semestre 2009. Un consensus commence même à apparaître parmi les économistes : l'année prochaine, la croissance sera proche du taux tendanciel de 2,5 %. Les investisseurs parlent également de petits signaux de reprise. À mon avis, les faits ne confortent pas cet optimisme. Et mes prévisions tablent sur une croissance négative comprise entre 1,5 % et 2 % au second semestre et sur une croissance si faible l'année prochaine et un taux de chômage si élevé que le climat restera celui d'une récession.

Dans la zone euro et au Japon, les perspectives pour 2009 et 2010 sont encore plus sombres, avec une croissance proche de zéro, même pour l'année prochaine. La Chine redémarrera assez rapidement vers la fin de l'année, mais avec une croissance qui atteindra seulement 5 % cette année et 7 % l'année prochaine, bien en deçà du taux moyen de 10 % de ces dix dernières années.

Compte tenu de ces mauvaises perspectives, les banques vont continuer à souffrir. Selon mes dernières estimations, les pertes liées aux prêts et aux titres émis se chiffreront à 3.600 milliards de dollars aux États-Unis et à 1.000 milliards pour le reste du monde. De son côté, le FMI devrait prochainement livrer une nouvelle estimation des pertes, soit 3.100 milliards de dollars pour les actifs américains et 900 milliards pour les actifs étrangers, des chiffres finalement assez proches des miens. Ainsi, beaucoup de banques demeurent insolvables et devront être reprises par les États.

La restriction du crédit durera de toute façon beaucoup plus longtemps si nous maintenons en fonctionnement des banques zombies, malgré leurs pertes massives et continues. Au total, le rebond des indices boursiers doit être interprété comme un rebond provisoire sur un marché fondamentalement baissier. Les économistes disent souvent, en plaisantant, que la Bourse a prédit douze des neuf dernières récessions, les marchés chutant assez souvent brutalement sans annoncer pour autant une récession. Et ces deux dernières années, les marchés actions ont annoncé pas moins de six reprises économiques, sans être jamais suivis d'effet. Le dernier rebond boursier va peut-être durer un peu plus longtemps, mais trois facteurs vont entraîner un retournement de tendance.

Tout d'abord, les indicateurs macroéconomiques seront moins bons que prévu, avec une croissance inférieure à celle attendue par les économistes du consensus. Ensuite, les bénéfices des entreprises et des institutions financières ne reviendront pas à un niveau proche de leur niveau antérieur aussi vite que prévu, car la faible croissance, les pressions déflationnistes et l'augmentation des défauts sur les obligations privées limiteront la marge de man?uvre financière des entreprises. Enfin, le choc financier sera plus fort que prévu. Tôt au tard, les investisseurs réaliseront que les banques encourent de nouvelles pertes massives et que certaines seront insolvables. Les mesures contre l'endettement les conduiront à vendre des actifs non liquides sur des marchés peu liquides. Et malgré le soutien massif du FMI, certaines économies émergentes subiront de graves crises financières qui, par effet de contagion, toucheront d'autres économies. Aussi, même si la dernière reprise de ce marché baissier se prolonge un peu, le retour des pressions à la baisse sur les actions et sur les autres actifs à risque est inévitable.

Il est vrai que les mesures agressives et de grande ampleur prises par la plupart des États, ces derniers mois, ont réduit le risque d'une dépression à court terme dans de nombreux pays. Ce dénouement paraissait pourtant improbable il y a six mois, alors que les marchés financiers mondiaux étaient sur le point de s'effondrer. Néanmoins, la récession mondiale va se prolonger plus longtemps que ne le croient les économistes du consensus. On voit peut-être la lumière au bout du tunnel (pas de dépression, ni de krach financier), mais partout, la reprise économique sera moins vigoureuse et plus lente qu'attendu. Il en sera de même pour les marchés financiers.

Copyright Project Syndicate, 2009.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Encore un "ricain" qui la "ramene" mais quand on connait la mentalité de ces gens ,c'est archi connu ,on est sur "qu'ils speculent ,qu'ils prennent position à la "baisse" tout professeurs qu'ils soient ,ils revent de faire du blé ,et ils essaient pa...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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EN FAIT LES PLANS DE SAUVETAGE SAUVENT LES BANQUES ET LES SPECULATEURS - PAR CONTRE CES MEMES PLANS NE SAUVENT PAS LES SALARIES DES ENTREPRISES - ET LA FACTURE RESTANT A PAYER INCOMBERA AUX CONTRIBUABLES QUI N ONT A AUCUN MOMENT BENEFICIER DE LA SPEC...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il y a plus de 500 000 miliards de dollars de "produits dérivés" dont PERSONNE ne sait la teneur en produits toxiques ! pas besoin de s'appeler Roubini pour savoir que c'est INSOLUBLE en l'état : seul un changement de MONNAIE avec un retour à l'ETALO...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bon alors il faut apprendre à planter les légumes et élever des lapins comme nos ancêtres mr Roubini, ou pas ? allez jusqu'au bout du raisonnement svp...!!

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