Mme Berlusconi et les femmes

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Veronica Lario, à la ville Mme Silvio Berlusconi, demande le divorce. Il est loisible de prendre l'affaire à la rigolade, puisque tous les ingrédients du vaudeville politique sont réunis : une femme bafouée, un époux volage, les médias, le pouvoir. On peut - comme la presse de gauche en Italie - s'indigner de la goujaterie de l'époux et plaindre la belle femme solitaire qui, chaque fois qu'elle a pris position publiquement, l'a fait au nom de valeurs progressistes très éloignées de celles de son mari.

On peut - comme la presse berlusconienne - défendre le président du Conseil et intimer l'ordre à sa femme de se taire pour ne pas gêner son action politique. L'un de ses journaux a même publié à la une des vieilles photos de Veronica nue, sans doute pour démontrer qu'elle ne valait pas mieux que les starlettes qu'elle reproche à son mari de propulser sur la scène politique. C'est après la publication de ces photos que "la signora", comme il l'appelle, a annoncé son intention de divorcer.

Mais elle s'est placée sur un terrain politique en dénonçant "l'effronterie et le manque de retenue du pouvoir" qui offense "toutes les femmes et surtout celles qui sont en première ligne pour la défense de leurs droits". Elle s'attaque là à l'un des fondements du berlusconisme, l'usage ludique et égrillard de l'image féminine, tant à la télévision que sur la scène politique, ces deux univers que le magnat des médias devenu chef de parti a délibérément mêlés.

La plupart des hommes ont marché dans la combine : pouvoir se rincer l'?il et en plus éviter la concurrence frontale des femmes sur le terrain du sérieux, donc du pouvoir, cela faisait leurs affaires. Mais beaucoup de femmes ont approuvé tacitement et voté Berlusconi.

L'Italie des pseudo-idiotes au décolleté plongeant a fait oublier trop longtemps l'Italie de Rita Levi Montalcini, l'un des grands chercheurs du XXème siècle. A 100 ans, le Prix Nobel de médecine 1986 va toujours chaque matin à son laboratoire, par amour de la science.

Veronica Lario, si elle parvient à réveiller les femmes italiennes, sera bien, comme l'a suggéré un commentateur, le vrai chef de l'opposition.

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