Grippe A : votre attention, s'il vous plaît

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Peu à peu, la grippe recule dans l'actualité : au bout d'un mois, on commence à se lasser des interviews de chercheurs inquiets et de ministres rassurants, des images de foules urbaines arborant des masques sanitaires. La grippe porcine, devenue grippe mexicaine, puis grippe A (H1N1) ne fait plus les gros titres.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a décrété le 29 avril une alerte de niveau 5, commence même à être critiquée pour son alarmisme : ne fait-elle pas la même erreur que l'homme qui criait au loup lorsqu'elle définit la pandémie uniquement par son extension géographique (hier, on en était à 12.022 cas répertoriés dans 43 pays), sans tenir compte de la gravité des symptômes (86 morts, la même proportion que pour une épidémie de grippe classique) ?

Aux États qui lui demandaient la semaine dernière de se montrer "flexible", Margaret Chan, la directrice générale de l'OMS, a répliqué que la décision de déclarer une pandémie de grippe était une responsabilité qu'elle prenait "très, très au sérieux", mais que les risques pour les populations étaient et resteraient son premier souci.

La nouveauté des derniers jours, c'est que le virus A (H1N1) vient de débarquer dans des zones de sous-développement sanitaire : le Honduras, les Philippines et peut-être trois cas en République démocratique du Congo. Cette contamination, si elle se confirme, serait la première en Afrique depuis l'identification du virus. On frémit à l'idée que la nouvelle grippe vienne frapper un pays où environ 5 % de la population a des défenses immunitaires affaiblies par le virus du sida. Sans parler des zones de guerre civile où les conditions sanitaires sont effroyables. Est-ce notre affaire ?

Oui, parce que ce sont des laboratoires des pays du Nord qui commencent à produire un vaccin à partir des nouvelles souches, et c'est à l'échelon mondial que devra se décider, le cas échéant, la stratégie de vaccination. Pas question de fermer les yeux sur ce qui se passe dans le tiers-monde car "le niveau d'information est bien supérieur au niveau sanitaire, et chacun saurait que les riches auraient délibérément laissé mourir des millions de pauvres", résumait dans "Le Monde" le professeur Jean-Philippe Derenne.

L'OMS fait son travail quand elle se sert de l'énorme effet de levier que lui offrent les médias pour faire passer son message auprès des gouvernements. Seule limite à cette stratégie : elle ne marche que si les médias restent attentifs.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
article intelligent oui les habitants du sud sont aussi des etres humains et vu qu'ils voyagent, non vaccines, et bien tant pis pour nous alors solidaires :!

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.