Rio Tinto croise le fer avec Pékin

Par Robert Jules, journaliste à La Tribune.

Le refus de Rio Tinto de composer avec Chinalco, leader chinois de l?aluminium, et son argent frais de 19,5 milliards de dollars, représente un sérieux revers pour Pékin. C?est en effet l?accès à d?immenses réserves de minerai de fer, de cuivre, de nickel, de charbon? qui lui est barré. Pour l?ex-empire du Milieu, l?enjeu est pourtant vital.

Ces dernières années, son appétit d?ogre pour les matières premières, aiguisé par une double révolution, industrielle et urbaine, sans précédent dans l?histoire, a entraîné une flambée des prix à des niveaux inédits.

Si la crise financière a fait éclater les bulles qui s?étaient formées sur ces marchés, la purge semble toucher à sa fin. Depuis la mi-février, l?indice CRB des matières premières s?est redressé de près de 30%. Celui plus spécifique des métaux non ferreux, le LMEX, après avoir chuté de plus de 60% entre février 2008 et février 2009 a depuis bondi de plus de 45%. Autrement dit, les investisseurs s?attendent dans un avenir plus ou moins proche à une reprise de la demande de matières premières : minerai de fer, acier, cuivre, aluminium, pétrole, gaz naturel, soja, blé, sucre, caoutchouc?

Cela peut paraître paradoxal en pleine récession, mais en fait la crise a conduit à remiser dans les cartons nombre de projets de prospection et d?exploitation. Avec des besoins qui vont se faire à l?avenir plus pressants, les pays émergents continuant à se développer, l?offre risque de peiner à répondre à la demande et entraîner une forte appréciation des cours. La Chine, riche de son fonds souverain et d?entreprises voulant s?imposer à l?international, pensait pouvoir profiter des déboires financiers de certaines sociétés minières.

Dans cette optique, l?australo-britannique Rio Tinto, plombé par une dette de 40 milliards de dollars, représentait une proie de choix. L?échec de Chinalco montre que la Chine reste encore un partenaire économique dont se méfie l?Occident.

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