Le "Rubik's cube" de Sarkozy

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

C'est donc le gouvernement "Rubik's cube" que celui qui a été présenté hier soir, sur le perron de l'Elysée. Nicolas Sarkozy a fait tourner ses fidèles comme les faces colorées du célèbre casse-tête, pour changer leurs attributions sans faire de révolution. Une exception de taille, les deux titulaires de Bercy, Christine Lagarde et Eric Woerth, respectivement ministre de la Récession sans précédent depuis la guerre, et ministre délégué en charge des Déficits historiques, restent en poste.

Si nos deux martyrs ne sont pas relevés de leur supplice, c'est que personne ne se précipite pour les remplacer. Et qu'ils se sont diablement bien tirés de leur mission jusqu'ici. Christine Lagarde notamment, qui sait même annoncer les mauvaises nouvelles en anglais. Cette stabilité est fort bienvenue pour les relations avec nos partenaires européens, après les changements incessants de ministres des Finances durant les mandats chiraquiens. Surtout à l'heure où il va falloir vendre à Bruxelles la théorie aventureuse de Sarkozy sur le "bon" déficit budgétaire. Christine Lagarde devra apprendre à parler aussi la langue de Goethe. Car il n'est pas sûr que les syllogismes élyséens soient accueillis outre-Rhin avec la tolérance qu'ils inspirent chez nous.

Côté ouverture, on voit bien que la mer dans laquelle pêche le président est moins poissonneuse. C'est le problème de l'épuisement de la ressource, bien connu des pêcheurs en colère. Si Frédéric Mitterrand à la Culture donne l'apparence d'une belle prise, c'est d'abord grâce à son patronyme, qui rappelle vaguement quelqu'un. C'est assez chic de pouvoir installer un Mitterrand à la table du Conseil qu'on préside. Pourquoi, du reste, s'arrêter en si bon chemin ? Le président Giscard d'Estaing a aussi des enfants. Et Léon Blum a sûrement des descendants.

L'ex-animateur d'"Etoiles et toiles" aura au moins le mérite de réconcilier le président avec le petit monde des stars de cinéma, la "gauche homard", le caviar étant un peu de mauvais goût en ces temps où s'allongent les cohortes de chômeurs. Sarkozy ne joue plus ici au "Rubik's cube", mais au billard à trois bandes. Et si les puristes de l'ouverture regrettent ce matin qu'il n'y ait pas, dans le gouvernement Fillon IV, de "vrais" socialistes, il faut dire que le président a une bonne excuse : c'est une espèce en voie de disparition.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Excellent! On ne reste pas sur sa "fin".

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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encore, encore!!! Génial l'article.

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