Un nouvel équilibre monétaire

Comme chaque année depuis quatre ans, La Tribune est l'un des partenaires des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, organisées sous l'égide du Cercle des économistes. Un Davos provençal dont l'originalité est d'associer le monde universitaire au monde économique, permettant de réunir un parterre international de qualité dans le cadre du Festival d'Aix. Le thème choisi pour 2009 porte sur les nouveaux équilibres du monde, avec pour dominante trois questions clés : croissance, démographie et finance. Huit membres du Cercle des économistes reviennent sur les ruptures et les nouveaux équilibres provoqués par la crise. Aujourd'hui, Agnès Benassy-Quéré, économiste au Cepii.

Les monnaies internationales mettent toujours beaucoup de temps à évoluer. Il y a une grande inertie de ce statut. La Chine, la Russie ont récemment mis en cause la domination du dollar, évoquant son remplacement par un panier de DTS (droits de tirage spéciaux) élargi. Mais les pays qui détiennent d'importantes réserves en dollars se sont rendu compte de l'impact désastreux qu'un rapide basculement sur le DTS pourrait avoir sur le marché des changes. Ils n'ont pas intérêt à une chute trop rapide du dollar qui affecterait la valeur de leurs réserves, mais dans le long terme, ils recherchent une moindre prépondérance de la devise américaine.

Le problème, c'est la transition. Si le mouvement est trop brutal, cela sera une catastrophe. La solution, ce serait de changer le modèle de croissance chinois, fondé sur une monnaie faible. Mais ce n'est pas demain que le dollar perdra son statut. Il reste l'unité de compte pour le pétrole, la principale monnaie d'échange (plus de 80% des échanges sur le marché des devises passent par le dollar) et la principale monnaie de réserve pour les banques centrales, même si sa part est retombée autour de 65%, concurrencée par l'euro.

Sur le marché international de la dette privée, l'euro est devenu la première monnaie d'émission devant le dollar, mais la monnaie européenne n'a pas acquis un véritable statut de monnaie internationale. La crise rend le système plus instable. Le dollar a été un des ingrédients de la crise en permettant aux Etats-Unis de se surendetter. Certes, un rééquilibrage est en cours comme le montrent la hausse du taux d'épargne des ménages américains et le redressement du déficit courant des Etats-Unis. Mais tant que le yuan, la monnaie chinoise, ne sera pas convertible, on a peu de chances de voir se former un véritable système monétaire multipolaire.

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