Ma toute petite entreprise...

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

Connaît pas la crise ! Depuis 2003, la France connaît un véritable boom de la création d'entreprise. L'objectif fixé par Jacques Chirac de 1 million de nouvelles entreprises en cinq ans a été dépassé et selon les derniers chiffres de juin, plus de 1.700 ont été créées par jour, samedi et dimanche compris (car il est bien connu que les entrepreneurs travaillent le week-end) ! Soit le double de la moyenne mensuelle enregistré depuis le décollage du début de la décennie.

Pourquoi un tel engouement, de la part de Français que l'on dit pourtant plus portés vers la sécurité de la fonction publique que les nuits blanches à faire de la « compta » sur des tableurs Excel ? Première tentative de réponse, côté positif, le rêve de liberté et d'indépendance qui sommeille en chacun de nous. Pourquoi dépendre d'un patron, si l'on peut devenir son propre patron. Un Français sur deux en rêverait, paraît-il, pas seulement en se rasant. C'est bien, mais pas suffisant comme explication.

La multiplication des aides et des campagnes gouvernementales a sans doute permis de « décoincer » les esprits : de Madelin et Raffarin à Dutreil jusqu'à Hervé Novelli aujourd'hui, les ministres des PME ont progressivement allégé la « taxe bureaucratique » qui s'acharnait à dissuader les meilleures bonnes volontés. Du capital social à 1 euro en passant par les lois Madelin qui ont donné aux créateurs d'entreprise le droit à une protection sociale (santé, retraite), ces assouplissements ont certainement levé les barrières psychologiques ou financières chez ceux qui veulent « se lancer ».

Le nouveau régime social de l'autoentrepreneur participe de cette logique. Les 182.000 autoentrepreneurs déclarés depuis le début de l'année sont un peu les enfants du sarkozysme version 2007 (« travailler plus pour gagner plus »). Mais beaucoup de ces bébés entrepreneurs sont aussi, il ne faut pas l'oublier, des enfants de la crise version 2009 : 6 créateurs sur 10 sont d'anciens chômeurs qui n'ont pas forcément réussi à retrouver un travail salarié.

De sorte que derrière la bonne nouvelle qu'est ce bouillonnement entrepreneurial, moteur de l'innovation et de la croissance, se cache aussi le masque hideux de l'horreur économique. Avec la crainte que se développe une nouvelle forme d'externalisation du travail vers le sous-salariat et une nouvelle précarité.

 

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Vous savez ,m.l'éditorialiste que l'immense majorité des autoentrepreneurs sont des gens qui offrent des services à la personnes,ils sont une entreprise mais un seul salarié,mais aprés le boum ,quand le marché s'autorégulera,qu'en restera t-il?Vous n...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Entièrement d'accord sur l'analyse... La création d'entreprise cache bien une part de misère sociale... Au moins, certains se prennent en charge, c qui est déjà ça! Mais ne nous berons pas d'illusions... la réalité est parfois douloureuse... J'ai été...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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M.Mabille ne connait pas à toute évidence grande chose sur le conditions internes d'une entreprise, soit elle grande ou petite: équilibrer les facteurs chiffres d'affaires et marges aves la totalité des frais et des impôts. C' est le comble de la pe...

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