Pansements bancaires

Par Philippe Mabille, éditorialiste de La Tribune.

La confiance, c'est quand on n'a plus peur ! Faut-il dès lors considérer que la flambée hier du cours de l'action Natixis incarne, pour la France, la fin de la crise financière ? Il faut pourtant avoir la foi bien chevillée au corps pour accorder encore sa confiance à un titre introduit en Bourse à plus de 19 euros et qui, hier, après une hausse de plus de 35%, valait six fois moins. Natixis, qui a, en deux ans, ruiné ses petits actionnaires et épuisé les fonds propres de ses deux cofondateurs, les Banques Populaires et les Caisses d'Epargne, est notre Lehman Brothers version baguette-camembert, la faillite en moins.

En injectant pas moins de 7 milliards d'euros dans BPCE, essentiellement reversés à Natixis, le contribuable a fait ce qu'il faut pour sauver la nouvelle deuxième banque française du naufrage. Quasiment garantie par l'Etat, BPCE ne pouvait faire moins que de reprendre à son compte les pertes de sa filiale toxique. Ainsi soulagée, Natixis va pouvoir renouer avec les bénéfices et reverser des bonus à ses traders. La maison mère remboursera l'Etat avec ses profits futurs. Mais cet artifice comptable ne va pas effacer les pertes du portefeuille d'actifs illiquides constitué par de mauvais génies de la finance.

Et, même si les marchés d'actions et de crédit semblent, tel le Phénix, revenir vers leurs niveaux d'avant la chute de Lehman Brothers, le 15 septembre de l'an dernier, la réalité demeure, implacable : le secteur financier a perdu avec cette crise la majeure partie de ses fonds propres. Autant les sociétés industrielles, frappées par le coup d'arrêt brutal de l'activité au cours de l'hiver dernier, ont pu refaire tout ou partie du chemin, autant la destruction de valeur semble irréversible du côté de la finance.

Et le petit investisseur, à qui on a fait croire que la fusion entre des cultures aussi différentes que la Banque Française du Commerce Extérieur, le Crédit National et les anciennes activités concurrentielles de la CDC (opérations à l'origine de Natixis) pouvait former une entreprise, ne retrouvera jamais, lui, sa mise initiale.

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