Des commissions et des réformes

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction.

La commission chargée de réfléchir au grand emprunt national a été installée hier. Installée, c'est le terme consacré, désormais, pour cet exercice si sarkozien. L'idée naît dans le cerveau présidentiel, forcément - ce n'est pas aux ministres d'avoir des idées - mais ensuite des personnalités soigneusement choisies sont invitées à y réfléchir et à la mettre en forme. Attention, soigneusement choisies ne veut pas dire choisies parmi les copains ou les professionnels de la profession.

Cela, c'était avant et ce n'était pas très malin. La commission de type sarkoziste est pluraliste (en termes d'âge, de sexe et de sensibilité politique) et bourrée de compétences indiscutables. Il ne messied pas d'y placer d'anciens ennemis (comme Alain Juppé) ou d'anciens adversaires (comme Michel Rocard). Dès lors les critiques trouvent difficilement prise, et le rendement est maximal du point de vue de la communication politique. Chaque idée sert quatre fois : quand elle est lancée (polémique), quand est nommé le président de la commission (commentaires), quand la commission est installée (commentaires) et quand elle rend son rapport (commentaires et/ou polémique).

Des fuites sur les travaux en cours ou quelque démission bruyante peuvent contribuer à animer l'actualité dans l'intervalle. Après vient ou pas, selon les cas, la phase parlementaire. Souvent, elle est loin d'être la plus facile. Le comité Balladur sur la réforme des institutions de la Vème République, installé dès juillet 2007, a été le premier exemple - on se souvient que la réforme de la Constitution a finalement été adoptée à une seule voix de majorité, celle de Jack Lang, lui-même membre du comité. Idem pour la loi Hadopi visant à mieux protéger la propriété intellectuelle sur Internet, au parcours législatif chaotique : elle avait été préparée par une mission de Denis Olivennes, ancien PDG de la Fnac et actuel directeur général délégué du Nouvel Observateur.

La loi sur le travail du dimanche, qui s'inspirait d'une proposition de la commission Attali, a aussi rencontré des résistances furieuses dans les deux chambres. Il faut bien constater que la commission sarkozienne ne sert pas à enterrer les problèmes comme les commissions d'antan, puisqu'elle débouche souvent sur des lois (la commission Attali "pour la libération de la croissance française" a placé la barre un peu haut avec ses 316 propositions). Elle est surtout devenue un mode de réforme au fond assez adapté à un pays qui aime à la fois la parlote et la castagne.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La description que vous en faites semble correspondre à la réalité mais votre conclusion me parait bien faiblarde. Mais qu'est que c'est que cette République des experts et des communicants?. Tous ces messieurs et dames de la pseudo élite auront ...

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