"Back to Gandrange"

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

La visite était symbolique, peut-être, mais obligatoire. Comment, en effet, prétendre sauver l'industrie en gardant, dans le pied, cette épine de Gandrange, avec ses promesses mal tenues ? Nicolas Sarkozy, à l'évidence, a fait de l'industrie son nouveau cheval de bataille. Un territoire concret, avec ses "salariés qui se lèvent tôt", loin des banquiers et de leurs extravagances.

Gandrange, c'est aussi la sidérurgie. La mère de nombreuses autres industries, comme l'automobile, la construction navale ou le ferroviaire. Un secteur brillamment sauvé dans les années 1980 d'un naufrage qui semblait inéluctable. Gandrange, c'est encore le symbole du fleuron français, Arcelor, tombé entre des mains étrangères, celles de l'indien Mittal. Un destin que Nicolas Sarkozy, lorsqu'il était à Bercy, avait réussi à éviter à un autre géant industriel français, Alstom, alors convoité par l'allemand Siemens.

Mais Gandrange résume aussi, à lui seul, toute la difficulté du sauvetage de l'industrie que veut tenter Nicolas Sarkozy. La compétitivité d'un site résulte d'une alchimie complexe, entre une demande mondiale, des coûts de matières premières fluctuants, des frais de transport variables. Que le prix à la tonne s'envole de quelques euros et le constructeur automobile changera de fournisseur. De la même façon que le consommateur se détourne d'une marque devenue trop chère.

Le concurrent de Gandrange, ce n'est pas l'usine voisine, mais un lointain site chinois, indien ou même roumain dont les coûts sont sans commune mesure avec ceux pratiqués en Lorraine. Et son client peut être n'importe où sur la planète, minuscule ou géant. Favoriser des organisations en filières, aider à la relocalisation, les efforts sont louables. Mais ils risquent d'avoir des effets limités. Comme le textile hier, la sidérurgie demain risque de se retrouver concentrée dans les pays émergents.

La tâche, pour autant, est-elle désespérée ? Pas forcément. Depuis toujours, l'industrie est une matière vivante. Dans les années 1980, les ouvrières du textile ont profité du formidable appétit pour l'électronique, puis pour la téléphonie mobile, dont les usines d'assemblage ont revivifié les bassins industriels. Demain, ce sont peut-être les équipements solaires, les batteries pour voitures électriques ou les médicaments anti-Alzheimer qu'il faudra produire vite et bien. Et un baril à 200 ou 300 dollars peut bouleverser toute la donne actuelle en faisant exploser les coûts de transport. En attendant, il fallait bien rassurer Gandrange.

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Commentaire 1
à écrit le 20/10/2009 à 7:57
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Gandrange est surtout devenu le symbole des mea culpa sous-entendus de Sarkozy. Dés que l'actualité le concernant est en surchauffe, une visite de courtoisie à Gandrange avec son lot de promesses, est ça repart. Aprés tout, quoi de mieux qu'une petit...

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