La menace Google a plané toute la semaine dernière dans les travées de la Foire du livre de Francfort, le plus grand marché international de l'édition. Il faut dire que les marchands de livres, qui n'ont pas jusqu'ici été à l'avant-garde de la révolution numérique, ont du souci à se faire s'ils ne souhaitent pas se faire voler leurs marchés par plus innovant qu'eux. Le problème, si l'on peut dire, est que Google n'a tué personne à Francfort et que les éditeurs allemands et européens ont fait plutôt de bonnes affaires dans un marché qui résiste bien face à la crise.
Autrement dit, les enjeux du livre numérique et de la constitution d'une bibliothèque universelle ne seraient que des épouvantails brandis par quelques mauvais prophètes. Et ces Cassandre n'ont qu'à s'incliner devant la réalité du marché. Le marché européen de l'édition se porte bien, merci ! Mais, il ne faut pas attendre que l'iceberg se retourne pour s'inquiéter de ce qui se passe sous le niveau de la mer. Or, des forces contraires sont bel et bien à l'?uvre.
Sans même évoquer le livre numérique qui supplanterait un jour le livre papier : personne ne peut prédire quand un tel mouvement se produirait, ni même s'il se produira. Une étude approfondie sur les habitudes culturelles des Français, publiée la semaine dernière par le ministère de la Culture, révèle l'une des fissures qui lézardent le confortable socle de l'édition : les jeunes. 26% des hommes de 15 à 24 ans et 15% des femmes de la même tranche d'âge n'ont pas lu un seul livre au cours des douze mois écoulés. Toutes les catégories de professions et d'âge, en dehors de celle des retraités, lisent moins aujourd'hui qu'il y a dix ans, selon cette étude.
Si la dynamique marketing du secteur permet aujourd'hui de ne pas voir les effets économiques de ces désertions, ce n'est rien moins que la place du livre papier dans la société de demain qui est en jeu. Mais chut, jusqu'ici tout va bien !
« Quand nous mettrons le pied sur l'accélérateur, nous serons difficiles à égaler » (Joelle Pineau, directrice de la recherche en IA chez Meta)
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