France-Brésil, match amical

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Alors que Barack Obama retrouve à Pékin son homologue chinois, un autre "G2" émerge, qui réunit Nicolas Sarkozy et le président brésilien Lula. Celui-ci, francophile, aime à se comparer à Astérix, parce qu'"il ne renonce jamais" - la vérité oblige à dire que Lula est plutôt une sorte d'hybride entre le célèbre Gaulois et son compère Obélix, au moins pour le tour de taille. Quant à Sarkozy, il s'est découvert des convergences inattendues avec le président brésilien. D'abord parce que lui non plus ne renonce jamais. Il y a, dans la lune de miel franco-brésilienne, l'accord de deux animaux politiques hors du commun, qui se sont construits en partie contre l'establishment de leur pays. Deux hommes qui gouvernent à contre-pied, chacun dans son pays : le Français réputé libéral réhabilite la puissance publique, l'ex-métallo réputé socialiste libéralise un Brésil qui en a grand besoin.

Voici que ce G2 informel fait désormais cause commune pour préparer le sommet de Copenhague sur le climat, après avoir affiché sa proximité de vues durant la crise. Et qu'il affiche une position commune à l'occasion du sommet sur la faim dans le monde, à Rome, répudiant la spéculation sur les denrées alimentaires. Visiblement, Henri Guaino, le conseiller et l'inspirateur du président français, a des cousins à Copacabana.

Comme toute amitié solide, le rapprochement franco-brésilien se nourrit d'effusions attendries, de palabres sur l'avenir du monde et d'intérêts sonnants et trébuchants. Parmi ceux-ci, l'achat probable des avions de combat français par le Brésil ne compte pas pour rien : voilà des années que les Français arpentaient la planète pour caser le Rafale, jusqu'ici sans succès. On aurait pourtant tort de réduire ce rapprochement à une banale affaire de carlingues libellée en milliards. "Le Brésil est un grand pays d'avenir et va le rester", disait méchamment le général de Gaulle. Aujourd'hui, ce géant émergent affiche une croissance de 8% tandis que l'Europe est une puissance du passé et menace bien de le rester. A moins qu'elle ne trouve justement des voies différentes pour prendre pied dans le nouveau monde. Dans les Bric (Brésil-Russie-Inde-Chine), Obama a pris le C. C'est plutôt malin de jouer le B.

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