Le Bloc-notes de Stéphane Soumier (BFM radio)

Confidences et réflexions de l'animateur de « Good Morning Business », la tranche matinale de BFM radio.

Arrêtez de banquer !

« C'est étonnant, mais les rémunérations de la finance sont de véritables anomalies théoriques. » C'est l'économiste Patrick Artus qui essayait mercredi dernier, à la Sorbonne, à l'occasion de la réunion annuelle des anciens des masters banque-finances, de trouver un peu de rationalité dans les chiffres vertigineux qui recommencent à valser : « Qu'est-ce qui, en théorie économique, donne de la valeur : une barrière à l'entrée ? Il n'y en a aucune pour la finance. Un brevet, une rente d'innovation ? Là encore, ça n'existe pas : la moindre innovation technique est copiée dans la seconde. L'activité ne mobilise aucun capital fixe, elle est soumise à une concurrence acharnée, bref, elle ne devrait dégager que des marges infimes ! » Alors pourquoi en dégage-t-elle tant ? « Je ne vois que deux explications, répond Patrick Arthus, la collusion ou la bêtise des clients. Je dois avouer que la deuxième solution est la plus séduisante. » On devrait d'ailleurs plutôt parler de conformisme. Les clients n'imaginent tout simplement pas pouvoir payer moins. Seule l'habitude justifie ces marges ahurissantes. Reste l'argument de la rareté, on nous vante ces quelques traders exceptionnels, Picasso de la finance, qui mériteraient les millions qu'ils gagnent. « Balivernes ! répond l'économiste. La finance monte tous les jours des centaines d'opérations d'une banalité affligeante qui ne nécessitent aucun talent particulier. » J'ai finalement l'impression d'entendre ce que j'entendais il y a quelques mois autour de l'immobilier, quand Yves Gillet, patron de l'Étude Immobilière, à Nantes, dénonçait des commissions de dizaines de milliers d'euros « pour faire visiter une maison quatre fois, avouez que c'est loin de la physique nucléaire », disait-il. Il a eu l'idée de l'immobilier low-cost, un forfait, quelques milliers d'euros, et des relations parfaitement transparentes avec les clients. Et si le concept touchait la finance ? Qui sera l'inventeur de l'émission obligataire low-cost ?

Extra balle (Same Player Shoot Again)

François Henrot est autour de la table, à la Sorbonne, ce jour-là. Le banquier de chez Rothschild et Cie vient d'écrire un bouquin passionnant sur les racines et les leçons de la crise, mais là, il fait dans le prosaïque : « Le marché des junk bonds (obligations pourries d'entreprises en détresse et donc fortement décotées, création magnifique du Wall Street des années 1980) est en train de repartir en flèche, c'est vraiment spectaculaire. » Je reste interdit quelques secondes, parce que justement tout le propos de François Henrot c'est de décrire de nouvelles pratiques, du côté des administrateurs des banques, du côté du contrôle des risques avec le « désossage » systématique des produits structurés... (« ça ne veut pas dire qu'on ne va pas les utiliser, mais on prend le temps de réfléchir »). Pourquoi alors, participe-t-il au mouvement ? Vend-il ces obligations infernales ?... « Parce qu'il y a quelqu'un pour les acheter, monsieur. » Tout est dit.

La Ferme !

Incroyable la saga Mickaël Vendetta ! Je vais la faire courte pour ceux qui sont passés à coté de la vague : un jeune gars, type mannequin jet-set, pris en main voilà deux ans par une équipe marketing, et qui arrive, à coups de provocations, à ramener des millions d'internautes sur son site... pour rien ! Parce que c'est la question que je posais aux producteurs du phénomène vendredi : la marque Mickaël Vendetta dégage-t-elle du chiffre d'affaires ? Réponsee;ponse franche : pour l'instant pas grand-chose (visiblement une pub en chantier avec Procter & Gamble), « mais c'est en train de monter », disent-ils. A condition de durer un peu. Et de lisser l'image imperceptiblement. Sacré défi pour les stars du Web, Vendetta nous apprend que le scandale ne rapporte rien.

 

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