La rumeur, plus vieux média du monde

En à peine un mois, les bruits sur la vie privée du couple Sarkozy ont franchi les frontières du monde virtuel pour envahir la scène politique et fortement « déranger les pierres » élyséennes.

Philosophe, écrivain... et journaliste, Jean-François Revel avait eu cette formule : « La rumeur ? Le plus vieux média du monde ! » En à peine un mois, les bruits sur la vie privée du couple Sarkozy ont franchi les frontières du monde virtuel - ils s'étaient propagés sur des sites Internet et des comptes Twitter - pour envahir la scène politique et fortement « déranger les pierres » élyséennes. Il aura suffi de quelques ingrédients - un conseiller un peu trop bavard, une ancienne ministre qui crie au scandale dans la presse, une « première dame » toute de dignité vêtue s'en allant délivrer sa vérité à la radio - pour que l'affaire prenne l'aspect d'un scénario de série hollywoodienne. Au plus mauvais moment sans doute pour Nicolas Sarkozy.

Les chasses présidentielles

Le chef de l'État, déjà plongé dans l'enfer des sondages, avait dû colmater en urgence les brèches qui s'étaient ouvertes dans sa majorité après le naufrage électoral des régionales des 14 et 21 mars. La semaine qui vient de s'écouler a contraint l'Élysée à un nouveau pas de deux. Le week-end pascal a été marqué par les étranges interventions du non moins étrange conseiller élyséen Pierre Charon. Préposé à l'organisation des chasses présidentielles au domaine de Chambord - ça ne s'invente pas -, ce fidèle entre les fidèles du chef de l'État a aligné dans son viseur l'ancienne ministre de la Justice, Rachida Dati, tombée en disgrâce en Sarkozie depuis son éviction du gouvernement, en juin 2009. Pierre Charon l'a accusée d'être à l'origine des rumeurs visant Nicolas et Carla Sarkozy, ce que l'ex-garde des Sceaux a vivement démenti.

Contre-espionnage

Dans ce même week-end, on a appris successivement que le contre-espionnage français avait enquêté sur l'origine de la rumeur et que des écoutes téléphoniques auraient pu être ordonnées à l'encontre de Rachida Dati. Des informations démenties à l'Élysée mais confirmées en ce qui concerne l'enquête de police par le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Nicolas Sarkozy a alors décidé de calmer le jeu par tous les moyens, d'abord en demandant à ses conseillers, Pierre Charon mais aussi Claude Guéant, le secrétaire général de l'Élysée, qui s'était laissé aller à des confidences peu amènes sur Rachida Dati, de ne plus s'exprimer publiquement. Carla Bruni-Sarkozy est allée dire sur Europe 1 à quel point le couple présidentiel jugeait les rumeurs « insignifiantes » et conservait toute son « amitié » à l'ancienne ministre de la Justice.

Le ras-le-bol des élus

L'explication de ce revirement élyséen est peut-être à rechercher dans la déclaration faite jeudi par le patron des députés UMP. Saluant la « très bonne intervention » de l'épouse du chef de l'État, Jean-François Copé a dit avoir « vu ces derniers jours (ses) amis députés UMP qui demandaient que cette affaire cesse ». Le président du groupe UMP de l'Assemblée a exprimé, poliment, le ras-le-bol des élus « de base » après plus de deux ans de « pipolitique » au sommet de l'État. La séquence qui vient de s'achever - provisoirement ? - laisse en tout cas plusieurs questions ouvertes, et notamment celle de la communication de crise de l'Élysée. L'absence d'un porte-parole conduit à tous les dérapages. Et laisse prospérer la rumeur.

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Commentaire 1
à écrit le 12/04/2010 à 5:30
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et si rachida dati avait un secret bien gardé sauf que on ne connait toujours pas le nom du papa de sa fille!!

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