France-Allemagne, le couple SM

Par Marc Fiorentino, stratège d'Allofinance.com.

Je voulais voir si vous avez mauvais esprit. Et je ne me suis pas trompé. Je parle bien évidemment du couple Sarko-Mer-kel ! Non mais, comment avez-vous pu penser à autre chose... Tous les jours, surtout depuis le début de la crise financière, on nous parle de ce couple ou du couple franco-allemand. Cela ne date pas d'aujourd'hui. On se rappelle tous cette magnifique image d'Helmut Kohl et de François Mitterrand pacsés le temps d'une photo historique. Mais c'est vrai que, depuis la chute de Lehman, nous avons droit à la chronique quotidienne du couple Sarko-Merkel. Chacun de leurs gestes et chacune de leurs paroles est épié et disséqué, et on en sait plus sur leurs rapports que sur ceux d'Angelina Jolie avec Brad Pitt...

Normal : l'Allemagne représente 20% du PIB de l'Union européenne, la France 16%. Les Anglais sont assez loin derrière avec les 14,4% et, soyons honnêtes, ils ne font pas vraiment partie de l'UE... Les Italiens, eux, suivent avec 12,4%, et là encore soyons honnêtes, Berlusconi n'est pas un homme de couple. D'autre part, Herman Van Rompuy n'aime pas le feu des projecteurs et ne tient pas à être dans les magazines people. Quant à José Manuel Barroso, il reste discret, de peur qu'on ne remarque que son second mandat à la tête de la Commission, après un premier médiocre, n'est qu'un rêve.

Pour le grand public donc, les médias l'ont bien compris, le roi et la reine d'Europe sont Nicolas et Angela. Seulement, ce couple n'est pas un vrai couple. Car Angela ne supporte pas Nicolas et pas seulement parce qu'il se sent obligé de l'embrasser et de lui attraper le bras ou l'épaule à chaque fois qu'il la voit. Et Nicolas n'aime pas Angela car il voudrait être le vrai, le seul, patron de l'Europe pour pouvoir se battre avec son rival fantasmé Barack Obama à zones économiques égales. Ce couple n'est même pas le fruit d'un mariage de raison à défaut d'être le résultat d'une véritable passion, car personne ne pense avoir besoin de l'autre. Ou plutôt ne pensait avoir besoin de l'autre.

Car les relations entre Angela et Nicolas ont basculé complètement en moins de deux ans. Petit retour en arrière. 2008 : faillite de Lehman ; sommet d'urgence européen. On se moque d'Angela Merkel et de son indécision. Un jour, elle dit qu'il ne faut pas renflouer les banques, le lendemain, elle se range à l'avis général et à l'initiative du président français pour un plan de sauvetage massif. Nicolas est le boss et Angela joue les seconds rôles. Jusqu'à la semaine dernière où Nicolas Sarkozy a dû accepter point pour point toutes les exigences allemandes en matière de rigueur budgétaire ou de régulation.

Tout a basculé en Europe. Pourquoi ? Parce que, pendant que notre président paradait en croyant que la situation économique et financière française n'avait rien à voir avec celle de la Grèce, du Portugal ou de l'Espagne, l'Allemagne, elle, se serrait la ceinture et se jetait à corps perdu dans la rigueur et l'orthodoxie budgétaire. Du coup, le verdict des marchés a été sans appel. Certes, le taux des emprunts français est resté proche à un demi pour cent près de celui des taux allemands, mais le décrochage boursier a été plus brutal.

Depuis le début de l'année, le CAC est en baisse de plus de 6% alors que le DAX est en hausse de près de 5%. 11% de différence, c'est certes moins impressionnant que les 35% d'écart entre l'indice grec et le DAX ou les 23% entre l'indice espagnol et le DAX, mais c'est tout de même un signe clair. Pour les investisseurs, la France n'est pas l'Allemagne. Après la Grèce, après le Portugal, après l'Espagne, après l'Italie, la France peut être, du jour au lendemain, la cible des spéculateurs alors que l'Allemagne reste et restera le pays refuge. Du coup, Angela, pourtant en chute de popularité dans son propre pays, est devenue la taulière en Europe. Et ce n'est plus un couple franco-allemand que nous avons, mais une grande Angela et un petit Nicolas.

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