La croissance en finale

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef et éditorialiste à La Tribune.

A l'image de la défaite en 8èmes de finale de l'équipe américaine de football, pourtant en net progrès, tous les indicateurs économiques américains se retournent, les uns après les autres. Deux jours après un G20 assez incantatoire à Toronto, les marchés financiers ont exprimé bruyamment mardi leur inquiétude sur la solidité de la reprise, faisant resurgir le scénario du W, du double plongeon de l'économie mondiale.

Certes, le ralentissement américain a commencé bien avant que l'Europe ne soit poussée à la rigueur par la crise grecque. Mais s'y ajoutent désormais des doutes sur la vigueur de la croissance en Chine. Si les deux moteurs de la croissance mondiale ont des ratés, la sortie de crise n'est pas pour demain. La tension sur les marchés financiers est d'autant plus forte que la situation des banques, en dépit des profits mirobolants affichés par certaines d'entre elles, est encore très fragile et ne tient que par le soutien massif apporté par les banques centrales.

Le cadre pour une croissance "forte, durable et équilibrée", décidé au G20 de Pittsburgh, a donc du plomb dans l'aile. En fait, chaque pays a obtenu de faire un peu ce qu'il veut de ce G20 "à la carte" qui a consacré la grande défaite de la coordination économique internationale. Bien sûr, on ne peut pas attendre de l'équipe d'Argentine, possible vainqueur de la Coupe du monde, la même chose que de l'équipe de France, sortie piteusement. Ce qui est bon pour l'Amérique ne l'est pas forcément pour l'Europe. Et, en dépit d'une communication très agressive, la rigueur allemande, ou française, est encore en réalité assez modérée, au regard des critères grecs ou anglais.

Mais pour remporter la victoire sur la croissance, le monde va devoir sortir un jeu plus coopératif et plus convaincant avant la grande finale. Car il en va des sorties de crise comme des championnats de football : c'est l'élimination qui fait mal. Au niveau actuel des taux de chômage, le monde n'a pas les moyens d'une deuxième récession. S'il y a un déficit à combattre en priorité, c'est le déficit mondial d'emplois.

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