Les lunettes roses de l'industrie

Par Odile Esposito, rédactrice en Chef à La Tribune.

Alcoa, le géant ­américain de ­l'­aluminium, avait donné le ton lundi. Intel lui a emboîté le pas mardi. Et SKF, le champion suédois des roulements, l'a confirmé jeudi : la reprise économique est bien là. Ces groupes font figure de baromètres de l'activité car leurs produits sont utilisés dans de multiples domaines. Et tous ont annoncé des chiffres ­semestriels meilleurs que prévu, charmant la Bourse avec des prévisions optimistes.

Attention, noteront les plus observateurs, ces résultats se comparent à un début d'année 2009 très déprimé. Certes, mais ils montrent que les signaux sur lesquels chacun s'interrogeait encore en début d'année n'étaient pas une simple vue de l'esprit.

Billevesée, ajouteront les grincheux, en soulignant que les ventes de voitures neuves en Europe restent inférieures de 10% à ce qu'elles étaient au premier semestre 2008. Sans doute, mais les ­priorités des consommateurs changent et il est peut-être temps de brandir d'autres indicateurs que les sempiternelles immatriculations automobiles. Les ventes mondiales ­d'­ordinateurs ont progressé de 20% au deuxième ­trimestre. Et celles de panneaux solaires explosent un peu partout.

Danger, concluront les incorrigibles pessimistes, car cette croissance vient surtout des pays émergents, Chine en tête, et elle n'apportera donc rien de bon aux Occidentaux. Peut-être. Mais les Chinois ne produisent-ils pas déjà des tonnes d'aluminium et des millions de microprocesseurs ou de roulements à bas coûts ? Si Alcoa, Intel ou SKF profitent malgré tout du boom de ces pays, c'est bien que leurs produits gardent quelques atouts, non ? Alors, gardons le sourire !

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