Au secours, l'euro remonte

Par Muriel Motte, rédactrice en chef à La Tribune.

Le retour des beaux jours a fait passer de mode les dîners de conspirateurs pour faire chuter la monnaie unique. Les positions vendeuses des fonds spéculatifs qui avaient culminé mi-mai se sont dégonflées.

L'euro alors au bord de l'implosion renaît magistralement de ses cendres. Tombé à un plus-bas de quatre ans face à la devise américaine, à moins de 1,19 dollar début juin, il en valait 1,30 à la veille du week-end, soit un bond de 9% en un mois. Dommage. Rarement, l'Europe a autant eu besoin qu'aujourd'hui d'une monnaie faible.

Car s'ils rassurent les investisseurs et les marchés financiers, les plans de rigueur et les réformes des régimes sociaux lancés dans tous les pays de la zone euro vont peser sur son activité. Exit l'arme budgétaire pour soutenir le business. Quant à la politique monétaire, elle a beau être extraordinairement accommodante depuis des mois, les encours de crédits restent obstinément déprimés, signe que les décisions de Francfort ne se transmettent toujours pas à l'économie.

Reste une variable d'ajustement pour une région en quête de croissance : sa monnaie. Vendre à l'extérieur ce que ses consommateurs et ses entreprises n'achèteront pas, voilà le salut. L'OCDE a calculé qu'une baisse de 10% du taux de change effectif de l'euro améliore la croissance de 0,7  point la première année et de 0,6 point supplémentaire l'année suivante.

Comparé à son taux de l'an dernier, l'euro a perdu quelque 8% par rapport aux monnaies de ses grands partenaires commerciaux. Il serait bien dommage d'abandonner déjà ce mince avantage, acquis sur des concurrents acharnés que sont - notamment - la Chine et les États-Unis.

D'autant que, confrontés à un ralentissement de leur propre économie, ces géants n'hésiteront jamais à recourir au dumping monétaire. Il est grand temps que Louis Gallois, président exécutif d'EADS et héraut national des méfaits de l'euro fort, sorte de son cockpit pour vitupérer.

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